Extrait du journal

Elle avait donné son cœur à son fils sans réserve, sans partage. Fabien était devenu le pivot do sa vie, l'objet de son culte, le mobile de toutes ses actions. Elle ne voyait que par lui et que pour lui. . L'exagération de ce sentiment l'avait, ren due criminelle. Dès qu'elle s'imaginait que les intérêts de Fabien pouvaient être lésés, que son bonheur était menacé non seulement dans le présent mais même dans l'avenir, la mère se dressait hautaine, agressive, impi toyable. Toutes les aimes, lui étaient bonnes pour défendre son enfant, pour attaquer l'ennemi. Nous l'avons vue à l'œuvre, au chevet de son mari, dans le salon de M. Qauteclair, et enfin à son dernier soupir. Elle qui suivait les offices religieux et qui croyait aux récompenses et aux châtiments d'une autre vie, elle avait proféré sans remords, au moment de mourir, le plus épouvantable mensonge. Elle avait risqué son salut éternel. Pourquoi ? , Parce qu'elle avait vu le divorce rôder au tour de Fabien, parce que le repos et le bon heur do son fils n'étaient plus qu'un jouet entre les mains du docteur Duclos, parce que cet homme.était toujours là, prêt à prendre à Fabien sa femme, sa fortune, sa considéra tion, c'est-à-dire à briser son cœur et sa vie. Aussi cet homme, elle le haïssait comme le rival détesté, comme le mauvais génie qu'il fallait perdre à tout jamais. Que lui importait le véritable assassin, ce Ranoir promis au bagne ou à-l'échafaud, s'il échappait au cabanon ? fàuJ Ranoir était le misérable condamné...