Extrait du journal

8,250,000,000 de francs en dix ans. Cela prend les proportions d'un désastre national. *** Aussi Irouve-t-on dans tous les comtés,, sans exception, des habitations abandonnées et des terres laissées en friche. Les proprié taires se sont fait dégrever des taxes et des impôts et sont allés vivre modestement sur le continent ou dans quelques petites villes de province. Ceux qui sont restés sur leurs terres n'ont pu le faire qu'au prix des plus pénibles sacri fices d'amour-propre. Ils ont dû congédier une partie de leurs domestiques, supprimer leurs meutes de chiens courants, réduire le nombre de leurs chevaux et de leurs voitures au strict nécessaire, abandonner leurs parc3 et leurs jardins qui coûtent habituellement beaucoup d'entretien et ne rendent rien. Ils se sont décidés à recevoir moins souvent et avec moins de confort. Si bien qu'aujour d'hui la vie facile et agréable que menait le gentilhomme campagnard et l'existence aisée du fermier ne sont plus que des souvenirs du temps passé; tout cela n'existe plus que dans l'imagination des romanciers. On a cru d'abord que ce n'était qu'une crise passagère, de même nature que celles que subissent toutes les industries; on a essayé de lutter. Mais le mal a empiré. Une fois pris dans le terrible engrenage des hypothèques, le landlordest perdu. Il ne peut plus disposer de sa terre, car c'est une chose sans valeur sur le marché. Et s'il emprunte encore dans l'espoir de faire des améliorations et de développer ses ressources, il avance sa ruine. Après avoir payé ses intérêts, les im pôts et les taxes absorbent le reste de son re venu; bref, le pauvre propriétaire n'est plus que l'homme d'affaires de ses créanciers et ragent du fisc. Il travaillera pour eux toute sa vie, à moins qu'il ne préfère leur abandonner ses biens et aller vivre ailleurs....