Extrait du journal

Froidement elle se dirigea vers la pauvre soupente où elle couchait. Mais Virginie ne l'entendait pas ainsi. — Me répondras-tu, chipie, quand je te parle? dit-elle en bondissant vers elle. D'où viens-tu ? — Je n'ai pas do compte à vous rendre, ré pondit l'autre, de plus en plus méprisante. —: Ah ! tu n'as pas de comptes à me rendre, c'est ce que nous allons voir. Déjà elle levait le bras et s'avançait vers la malheureuse fille, mais celle-ci bâtie et su perbe comme elle l'était devenue, était forte également. Si ■ jusque-là elle s'était tue et avait tout accepté, c'est que le respect qu'elle avait voué à son père lui interdisait toute révolte, mais à cette heure où Planté en dormi dans l'hébétude de son inconscience de brute ne pouvait plus imposer sa volonté, elle se considérait comme libre. Virginie allait s'en apercevoir. Pauline saisit le poing fermé de la mégère de ses mains délicates; elle crocheta ses doigts avec les siens, et d'un brusque mou vement elle lui renversa les deux poignets en arrière. ■ Tous les os cependant solides de Virginie craquèrent à la fois. Un cri de douleur s'é chappa des lèvres de l'horrible femme. Pauline ne la lâcha pas. % — A moi, Planté 1cria-t-eUe; à moi! Elle me tue, la coquine 1... Mais Planté n'avait garde de l'entendre, encore moins de lui répondre. Les trompettes du jugement dernier elles-mêmes n'eussent pas été capables de l'arracher à son sommeil d'ivrogne....