Extrait du journal

Il n'y a pas que les députés qui planent parfois au-dessus de la réalité. Certains savants la traitent avec une désinvolture toute parlementaire. A l'Académie de médecine, le docteur jAzoulay vient d'indiquer la manière d'évi ter les empoisonnements par les champi gnons. Selon ce savant homme, il faut exiger des marchands de ne mettre en vente que des champignons qui aient été vérifiés par des experts, et il faut ensei gner le plus possible l'art et la manière de distinguer les champignons vénéneux des autres. Ces conseils sont excellents, sauf qu'ils ne répondent pas du tout à la réalité. La réalité est que les empoisonnements par champignons rie sont jamais dus à des champignons achetés chez des marchands de comestibles, mais toujours à des cham pignons cueillis (par des malins qui pré. tendaient « s'y connaître » et qui en sont les premières victimes — ce qui est leur seule excuse. Par conséquent, docteur, les précautions ^e vous imposerez aux marchands se ront illusoires, et au contraire votre en seignement augmentera le nombre des êtres essentiellement dangereux qui ont la prétention de savoir distinguer les bons champignons, des mauvais. J'ai visité avec un vif intérêt à l'Expo sition universelle de 1900 l'exposition par ticulière qui mettait en regard les cham pignons comestibles et leurs analogues vénéneux. J'y" ai fait la connaissance d'un spécialiste qui m'a dit à la sortie : — Je m'y connais. Eh bien ! croyez-moi, il n'y a qu'un moyen de savoir si les champignons que-vous avez cueillis sont bons ou mauvais. Vous en faites...