Extrait du journal

prendçe le sens chrétien, le sens pro fond de la fête qui nous rassemble 1 Car Noël, avant tout, c'est le mystère ineffable de l'amour qui s'anéantit, de l'humiliation qui devient une grandeur, de la souffrance qui de vient une rédemption et c'est par là, par là seulement, que Noël annonce et promet la joie. Souffrances de la patrie vaincue Nos souffrances, à quoi bon les énumérer ? Vous les connaissez et vous les vivez suffisamment ; nos souffrances, c'est 'la patrie vaincue, humiliée, occupée ; nos souffrances, ce sont nos morts, ceux qu'on ne reverra jamais, qui ont donné toute leur vie pour l'honneur du drapeau, qui laissent dans nos-foyers des vides et des cœurs inconsolables.; nos souffrances, c'est la multitude im mense des absents, nos prisonniers. A ceux-là, il m'est spécialement fa cile, à moi qui fus prisonnier trois ans l'autre guerre, d'évoquer leurs pensées. Si vous saviez ce que c'est Noël dans un camp de prisonniers 1 Hier, en son message si émouvant le Maréchal disait ; « Ils ont peutêtre là-bas cette année entendu la messe. » Certainement, ils l'auront entendue ; nos souffrances, ce sont les sacrifices de toutes sortes que la guerre et la défaite ont entraînés : privations, renoncements, durs au jourd'hui, plus rudes probablement demain. Ah ! que sont-ils pourtant nos sacrifices à côté des sacrifices de tous ceux qui oïit dû tout aban donner '? Que sont-ils à côté des souffrances de cette légion doulou reuse de réfugiés qui ont ici de si eminents représentants, à qui j'aime à dire une fois de plus l'hommage d'une sympathie- fraternelle que les mots saVent bien peu traduire ?...