Extrait du journal

g E gouvernement a remporté la victoire prévue, à m l'issue d'Un débat qui fut plus émouvant par ce qui ■ëm y fut évoqué que par ce qui y fut dit. Le fait que l'enjeu de la partie n'était pas la chute du Cabinet donnait à:la discussion quelque chose de sévère, la dépouillait des ordinaires artifices de l'art du Forum, et laissait l'impression que les antagonistes parlaient pour un auditoire qui n'était pas là. L'interpellateur' s'exprima en aristocrate, précis, do cumenté, logique et dédaigneux. Il eut, sur le « maté rialisme sordide des masses » une définition-qui rappe lait la « vile multitude * de M. Thiers La formule blessa la sensibilité d'unie-Assemblée qui, née d'un mouvement populaire, 'entend rester fidèle à ses origines. Nous étions à la Chambre des députés... et non à la Chambre des pairs ! S'il peut être vrai, par fois, d'affirmer que l'idéal n'est que la solution enthou siaste d'un problème économique, il ne faut pas en dé duire que la défense des intérêts matériels est simple ment le lot des âmes viles. „ Les cahiers des Etats Généraux ne » transcrivaient que des revendications d'ordre pratique ; mais ils ont permis le combat qui délivrait dans la conscience hu maine-la première notion des Droits de l'Homme. M. Paul Reynaud — après M. Fernand Laurent, qui représentait probablement V « idéaliste » de la jour née — prouva une fois de plus qu'il est possible, à force de talent, d'être un opposant qui donne du charme à l'opposition. M. Léon Blum a démontré avec éloquence que la meilleure façon d'être homme d'Etat n'était pas de ces ser d'être honnête homme. Il est réconfortant qu'un président du Conseil ose ne pas tenir pour le fin du fin la méthode que certains personnages consulaires ont illustrée. Cette méthode consiste, on le sait, à traiter d'utopiste le militant qui, accédant au pouvoir, n'a pas consenti à juger son programme trop lourd pour son portefeuille de ministre. ■ Gabriel Cudenet. (Voir la suite en quatrième page)...