Extrait du journal

tre figure delà Berlaude; elle en oubliait aussi le criminel abandon de Richard d'où était venu tout le mal. Elle arriva, après avoir deux fois changé de train, à Saint-Remy-Mal-Bâti, le matin, vers cinq heures. La campagno était encore ensevelie dans une nuit profonde. Où aller, à cette heure-là? Les maisons sont fermées ; los habitants endormis. Elle s'informa auprès du chef de gare. — Le village est-il loin, monsieur? — Non, madame, un ou deux; kilomètres... On le verrait si ce n'était pas la nuit... mais vous ne trouverez pas d'auberge, il est trop tôt ; si vous voulez attendre à la gare, le poêle est allumé dans la salle' d'attente.,t Vous vous reposerez. — Merci, monsieur, je veux bien. Elle était tout engourdie, elle se réchauffa. — Entrez dans la salle des premières, dit le chef, vous serez mieux pour dormir, dans un. fauteuil. — Oh ! je ne veux pas dormir, dit-elle en souriant. Dormir, elle y pensait bien, à deux pas do sa fille 1 Debout, confre les vitres toutes blanches de givre, elle attendait que le jour parût ! Et avec quelle impatience !... Enfin, l'horizon devint gris ! L'aube éclaircissait le ciel bru meux du côté de l'Orient. Et déjà, dans lefond de la plaine, devant elle, grâce à la neige, elle pouvait apercevoir les maisons de Saint-Remy, puis les hautes cheminées des usines, qui se noyaient dans le brouillard blanc. — Maintenant, dit-elle, je puis partir... Et en effet, la vie ouvrière commençait au tour d'elle ; la ruche humaine était réveillée ; mais la campagne, ouatée par les tombées...