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Le Petit Journal, 3 mai 1940

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Le Petit Journal
3 mai 1940


Extrait du journal

NOUS avons organisé, sous ce vocable, une importante acti vité familiale au profit de nos mobilisés. De quoi s'agit-il? D'envoyer aux soldats la preuve matérielle, pratique d'une affection compréhensive et fidèle, d'entourer, plus particulière ment, ceux que leur pauvreté risquerait de condamner à un invo lontaire abandon. Un grand recensement s'est opéré à travers toutes nos fédéra tions, en vue de dresser la liste, non de nos « filleuls », mais de nos frères et de nos enfants qui, là-haut, ont besoin de nous. m m LE fichier social, établi pa>- nos déléguées avec la collaboration des bureaux locaux, forme la base, de cette émouvante en treprise* Les familles dont les moyens sont suffisants n'ont que faire de secours. Elles usent seulement des commodités mises À leur disposition (emballage, étiquetage) pour adresser à leurs com battants une preuve de sollicitude et le souvenir de notre grande collectivité. Mais les déshérités requièrent nos premiers soins. Chaque sec tion dresse la liste de ceux qu'au nom de leur foyer personnel il faut assister : organisation intermédiaire simplifiant les démarches de chacun, d'une part, apportant discrètement le complément et s'il y a lieu, la totalité des frais à consentir, d'autre part. Une organisation d'achats au prix de gros ou à des prix ré duits complète le système. q a MAIS quelle est la composition des envois effectués ? Ici apparaît, dans toute sa netteté, la différence entre tant d'initiatives charitables et l'initiative du P. S. F. Nos co lis ne sont pas formés d'après un modèle « standard » ou de ma nière fantaisiste. Le contenu de chacun est réglé d'après les indi cations apportées sur le bénéficiaire et seè besoins du moment. , Les pères, les mères, les épouses nous font savoir ce que dé signent l'état de santé et les goûts de leurs mobilisés... On ferait de bien touchantes constatations si l'on pouvait, à cet égard, com pulser les archives de nos services responsables. a a TROP souvent, on se représente de tels colis comme unique ment remplis de « douceurs ». Les permissionnaires m'ont parfois dépeint l'ironie des hommes à qui certaines personnes, pleines de bonnes intentions, s'obstinent à envoyer des paquets de cigarettes : « Nous aimons autant le tabac de troupe, disaient-ils. Nous n'avons pas besoin qu'on fasse pour nous de folles dépenses. Nous préférons de beau coup recevoir une bonne paire de lacets solides : cela se trouve plus difficilement ». Les sacs de bonbons plaisent moins que le chocolat, plus nutritif.- Les boîtes de conserve font plus plaisir que la mouiarde. Le militaire français, ménager de ses deniers, n'aime pas jqu'on « jette les sous par les fenêtre? »,. même pour, lui faire plaisir. a a ■jyqpOUS n'avons jamais pratiqué les envois d'argent. Sans |\l doute n'aurions-nous point possédé les ressources suffi*"■ * santés ! Mais, surtout, nous prétendons accomplir un acte social excluant l'aumône. Nous restons attachés à l'idée de compensa tion. Toutes les libéralités disponibles devraient former une caisse nationale, permettant, grâce à un effort collectif, anonyme, d'ap porter aux sous-officiers privés de la solde mensuelle, aux troupiers privés de haute paye, un appoint généralisé, impersonnel. Chimère? Une statistique approfondie montrerait que cela est parfaitement réalisable. L'envoi d'argent humilie les meilleurs. Il vaut aux plus faibles les- tentations de ressources trop facilement acquises sans sacrifice apparent chez le donateur. d b TELS sont les buts, tel est le sens de la mission confiée à -1'A.B.C. Quelques dons en espèces sont indispensables, sans préjudice pour les contributions statutaires ni pour les Amis du P. J. Comment pourrait-on, sans ces dons, servir les plus déshérités, comme si leurs familles possédaient le nécessaire ? Cet article ne vise pas seulement à vous informer, chers lec teurs. Il est de plus, vous l'avez bien compris, un appel. Depuis longtemps, cet aspect de notre besogne n'avait plus été étudié ici. Mais notre mouvement de rénovation comporte des labeurs multiples dont aucun ne doit faire oublier les autres. A la fin de mars 1940, le total des colis enregistrés à notre siège inter fédéral se montait à près de 186.000. Record parmi les records, bien certainement. Mais chacune de vos réussites nous qualifie pour des réussites plus vastes. Je vous recommande, comme au premier jour, l'A.B.C. du P. J....

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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