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Le Petit Marseillais, 2 juin 1910

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Le Petit Marseillais
2 juin 1910


Extrait du journal

C’est un lieu commun de déplorer la dispersion française des efforts charita bles. Depuis de longues années, les philanthropes de toute opinion recher chent les moyens d'introduire en France les méthodes usitées en d’autres pays, notamment en Angleterre, aux EtatsUnis, en Allemagne. En théorie, tout le monde est d’accord. Il n’est personne pour s’opposer formel lement à l’union des œuvres et des admi nistrations d’assistance publique et pri vée. Les difficultés commencent dès qu'il s’agit de passer aux actes, et les meilleures volontés échouent au moment de toucher au port et d’atteindre le but. A quoi tiennent ces échecs ou — pour ne décourager aucun initiateur hardi — ces débuts difficiles ? C’est encore plus la faute des hommes que des règlements, et c'est encore plus le fait des mœurs que celui des individus. Non seulement un, fossé profond sépare les œuvres privées des administrations publiques, mais encore les associations libres ne sont point en rapports intimes les unes avec les autres. C’est le chacun chez soi dans toute sa beauté ; c’est le triomphe du particularisme étroit et ombrageux. J’exagère peut-être en forçant la note pessimiste, car, depuis peu de temps, surtout depuis la campagne entreprise par l’Alliance d’hygiène sociale et par la Ligue contre la mortalité infantile, un rapprochement s’est effectué et des alliances ont été conclues ; il y a moins de susceptibilités et plus de confiance mutuelle. Les symptômes tendent à devenir plus favorables et le progrès, pour être minime, n’en est pas moins réel. Pourtant,*’■ à l’étranger, le courant d’union méthodique se manifeste. Les pays qui étaient restés le plus étrangers à ce mouvement de centralisation de l’assistance, la Suisse par exemple, entrent dans la voie où d'autres nations l’ont précédée. Après Zurich, Bâle, Genève, Montreux, Le Locle, voici que, à son tour, la ville de Lausanne est â la veille d’avoir son organisation centrale d’assistance. La ville de Lausanne s’enorgueillit de la multiplicité de ses œuvres de bienfai sance, d'hospitalité, de secours. On a fini par y constater, suivant les termes mêmes du rapporteur du comité d’ini tiative, que souvent même on entretient la misère au lieu de la combattre et qu’on facilite les abus. Il suffit, en effet, à un mendiant de profession de connaî tre les endroits où l’on est secouru pour qu’il puisse, sans le moindre inconvé nient, faire line tournée fructueuse. Le procédé est classique ; il est le même à Lausanne, à Paris, à Marseille. Du moment où le Bureau de bienfaisance officiel ignore ce que fait telle ou telle société de secours à domicile et inverse ment, les triples et quadruples emplois peuvent se produire avec une parfaite impunité. Le cumul des secours ne se heurte à aucun obstacle ; il encourage, par conséquent, ses bénéficiaires à vivre de l’aumône, à exercer le métier lucra tif de mendiants d’habitude. A quel moyen recourir pour mettre lin terme à cette exploitation de la bien faisance publique et privée ? Il n’en est pas d’autre que celui de l’échange de renseignements confidentiels. Cette centralisation ou cette entente permet ainsi de réserver le maximum d’aide à ceux qui en ont le plus besoin ; elle facilite l’intervention simultanée des institutions les plus diverses, qui, grâce là la division du travail, peuvent s’en tendre pour opérer de concert le relè vement des familles nécessiteuses, les unes en procurant un logement sain, les autres en s’occupant des enfants ; celles-ci en donnant du travail, en adap tant les secours aux besoins et en les superposant pour qu’ils produisent le maximum d’effets utiles. A Lausanne, comme à New-York,...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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