Extrait du journal

Le Conseil Supérieur de la Guerre Il est fort question en ce moment du conseil supérieur de la guerre, que beaucoup de per sonnes croient une institution récente, parce qu’elle a été rétablie depuis 1870, mais en réa lité on en trouve la trace dans plusieurs pério des de notre histoire. Le premier conseil supé rieur de la guerre, à ce que nous apprend le général Thoumas, dans une remarquable étude que vient de publier le Temps, eut pour pré sident le maréchal des Villars. Mais ce conseil, qui devait être à la fois un pouvoir consultatif et un pouvoir exécutil, n’eut qu’une durée éphé mère. précisément à cause de cette confusion d’attributions. Après des tentatives diverses, plus ou moins heureuses, nous voyons se former un véritable conseil supérieur de la guerre sous le ministère de M. de ürienne, en 1787; le plus curieux est que le préambule du règlement publié à cette occasion renfermait plusieurs considérants qui seraient encore de mise aujourd’hui, celui-ci par exemple : « Il n’y a qu’un conseil composé et constitué d’une manière permanente qui puisse créer un plan, faire de bons règlements et surtout, en matière d’exécution, mettre de la suite dans les projets..., empêcher la fluctuation des princiEes..., enfin, donner une consistance et une ase à l’administration de la guerre. » Le conseil créé à cette époque élabora une suite d’ordonnances et de règlements, publiés en 1788, dans lesquels on est étonné de trouver des dispositions qui, après être tombées dans l’oubli pendant de longues années, ont été adop tées de nos jours comme le résultat d’études récentes. C’est ainsi qu'on lit encore, dans le préambule de l’ordonnance sur l’organisation générale de l’armée ; « Le roi veut que ses troupes soient toujours disposées à entrer en action et qu’elles soient à cet effet organisées, équipées et pourvues de de tous les effets de campement, comme elles doivent être à la guerre... » « il est vraiment incroyable, dit à ce propos le général Thoumas, qu’ayant eu, en 1788, des idées si sages et si simples, on ait attendu plus de quatre-vingts ans pour y revenir en 1871, après en avoir reconnu, dans une expérience désastreuse, la saisissante vérité ! » Dès les premiers jours de la Restauration, le roi Louis XVIII, qui cherchait à gagner les sym pathies de l’armée en paraissant s’occuper d'èlle, institua un grand conseil de la guerre composé des maréchaux et d’un petit nombre de lieute nants-généraux ; mais ce conseil, qui devait se réunir sous la présidence du roi, n a jamais été convoqué. Plusieurs années après, la commis sion du budget, nommée par la Chambre des députés, émit dans son rapport le vœu : « Qu'il y eût près du ministère de la guerre un conseil composé des officiers généraux les plus expéri mentés, pris dans toutes les armes, pour lui donner tout l’ensemble et toute la fixité qu'il doit avoir, éclairer le ministre sur les liantes parties de son administration et l’aider à y faire les améliorations convenables. Ces améliora tions, ajoutait la commission, sont nombreuses ;...