Extrait du journal

En 1867 môme, la comtesse était loin d’avoir « dételé », comme elle se plaisait à le proclamer elle-même, avec celte liberté de langage et d’allures qui caractérisait celles qu’avec une audace, analogue à la leur, on avait si pittoresquement baptisées « lne pncfwlpltes » A cette époque, elle était veuve depuis quelques années et jouissait en conséquence do toute sa liberté.Le comte de Rochemaure, un des plus brillants cavaliers do la cour, avait été tué on duel à la suite d’une que relle, survenue à propos de sa femme, di saient les uns, — ou de sa maîtresse disaient les autres, un des plus jolis coryphées du ballet de l’Opéra. Il avait laissé en mourant doux filles. Eliane, alors âgée de quinze ans, et Lydia, qui en avait à peine cinq. Là comtesse Raphaële avait correctement passé son veuvage, soit au château do Rochemaure, soit en voyage ; mais, dès que les devoirs imposés par les convenances avaient été remplis, elle avait rouvert ses salons dans son magnifique hôtel de la rue Bellechasse, renoué toutes ses relations et repris la vio fiévreuse qu’elle avait tou jours menée. Lydia était encore trop petite alors pour que la coquetterie de sa mère eût à souffrir de sa présence. Au contraire, les cinq ans do l’enfant rajeunissaient la mère, sans compter que l’admirable beauté de la fillette était sans cesse pour elle un sujet d’orgueil et une occasion de compliments, soit qu’elle la conduisit dans le monde, aux courses aux ventes do charité, ou qu’elle quêtât à SalntRoch avec la petite fille, agenouillée près d’elle sur son prie-Dieu, et doublant ainsi son propre succès. Quant à Eliane, quoique assurément sa mère l’aimât autant que sa nature frivole...