Extrait du journal

VArmée et le Journal du Soldat de l’époque. Il coïncida avec un projet analogue présenté par le < Souvenir Français » qui institua un comité; mais les deux plans ont toujours différé entre eux sur le point principal, car tandis que celui de M. Colombet s’entendait pour Mar seille, l’autre prenait Paris comme la ville choi sie pour l’érection du monument. Nous ne saurions trop Insister sur la néces sité de fonder à Marseille le tombeau des mi litaires morts aux colonies. Est-ce que Mar seille n’est pas à la fois la porte d’entrée et de sortie de nos troupes coloniales? Notre cité est non seulement la « façade de la Méditer ranée » mais encore le port d’embarquement ou de débarquement de prédilection pour nos possessions d’outre-mer. Notre ville est, en effet, l’alpha et l’oméga de tout ce qui a trait au va-et-vient des soldats prenant part aux opérations lointaines. C’est donc à elle que revenait l’insigne honneur de songer à ceux qui. pour la plus grande gloire de la nation, ont été fauchés par les climats meurtriers ou les balles ennemies. La Société des anciens militaires des corps de la marine, instituée définitivement en 1892 comme section philanthropique, a pour but de venir en aide aux soldats et marins rentrant des colonies. Elle les reçoit, dès leur retour en France, et leur offre, en outre d’un ravitaille ment immédiat, les vêtements et le linge de corps dont ils ont besoin. On se rappelle les splendides réceptions des troupes rentrant du Dahomey, et le général Dodds, qui est prési dent d’honneur de la société, en fit l’éloge brillant à son passage à Marseille. Après les soldats du Dahomey, ce furent les convoyés du Tonkin et du Soudan qui trouvèrent le meilleur accueil en mettant de nouveau le pied sur le sol aimé de la patrie. On conçoit aisément que l’expédition de Madagascar va fournir au sentiment qui anime la société une occasion nouvelle de s’affirmer comme par le passé,et l’utilité d’une institution humanitaire destinée à rendre de si éminents services aux défenseurs du pays ne saurait passer inaperçue aux yeux de tous ceux qu’intéressent les questions patriotiques. Il appartient donc à la Société des anciens militaires des corps de la marine de réaliser le projet d’un monument en l’honneur des soldats morts aux colonies. Elle va entrer, à cet égard, dans la période d’action et étudier les voies et moyens pour accomplir une œuvre aussi grandiose. Elle fera appel au concours des autorités et de la population par des demandes de subven tion et la fondation d’une souscription publi que à laquelle chacun voudra certainement participer. Nous sommes heureux d’applaudir a la généreuse initiative de M. Colombet qui ne saurait tarder à porter ses fruits et, grâce à lui, la lacune signalée se trouvera enfin comblée. Albert Espanet....