Extrait du journal

un nom français. Henri de Cantrl n’était pas de race prussienne. Il était né dans le grand-duché de Bade, d’une mère qui lui parlait français et lui apprenait à aimer la France. C’est ce que tu devais voir dans cette lettre. — Mauclain, que sait-il? — Rien. C’était une reconstitution ne re posant sur aucun indice précis, sur aucune preuve. Il n’y croyait sans doute qu’à peine il n’y croit plus aujourd’hui, après les dé mentis que lui ont Infligés mes décisions et mes démarches. — Ma naissance est donc vraiment un secret ? — C’est un secret tel, que je pouvais — que J’ai voulu un moment — te faire passer pour mon fils. Ce mot évoqua pour Jean l’image d’Odette. Qu’elle était loin de lui maintenant 1... Il comprenait l’opposition du marquis, la lutte, les duretés inexplicables. Et il ne savait pas tout. Car cet homme qui lui dévoilait sa funeste origine, cet homme avait aimé sa mère ! A cette idée une horreur le saisit II n’osa plus questionner, resta muet. Alors M. de Ribeyran parla. — Ecoute-mol, Jean. Ton patriotime est sauf. Il est bien faible le filet de sang aile mand qui coule dans tes veines. Rien n’at teint ton honneur d’officier français, car personne au monde, tu m’entends bien, ne contestera jamais ta nationalité. Mais, entre nous, il y a autre chose, Ta mère et mol nous nous sommes aimés de la façon la plus abso lue, la plus haute. Je l’aurais épousée ; elle avait ma parole.'Mals ton père est venu et me l’a prise par violence. Elle mérite ton respect comme le mien... meux encore...