Extrait du journal

On télégraphie de Pétersbourg : On vient de recevoir les terribles détails suivants sur une tentative d’évasion de con damnés internés dans la prison gouverne mentale de Vilna : L'autre matin, à 7 heures et demie, un gar dien entra dans une cellule où quatre pri sonniers étaient enfermés. A peine avait-il ouvert la porte que ceux-ci se précipitèrent sur lui ; l’un d’eux lui coupa la gorge avec un couteau. Les révoltés se saisirent aussitôt du trousseau de clefs et du revolver du gardien et s’en allèrent délivrer quatre de leurs com pagnons détenus dans la cellule voisine. Les huit prisonniers se précipitèrent alors dans le couloir principal de la prison, plantèrent des couteaux dans la gorge de deux gardiens qui tentèrent de s'opposer à leur passage et s’em parèrent de leurs revolvers. Atteignant la cour, ils tuèrent un quatrième gardien et se mirent à escalader le mur de la prison. Une sentinelle en faction à la porte rira deux coups de feu sur les évadés, tuant l’un d’eux, blessant grièvement un autre. Les six survivants réussirent à prendre le large et se mirent à courir à travers les rues de Vilna. Deux d'entre eux attaquèrent à coups de couteau un agent de police qui accourait au-devant du groupe, et le laissèrent mort sur place. Un peu plus loin, un second agent leur barra la route, les menaçant de son sabre et leur ordonnant de s'arrêter.il y eut une mêlée furieuse ; mais l’agent fut victorieux, ayant réussi à fendre d’un coup de sabre la tête d’un de ses adversaires et à blesser griève ment un second. Les quatre évadés restants, poursuivis par une grande force de police, coururent le long de la berge de la rivière. L’un, sentant qu’il allait être repris, se précipita dans une mai son, où il fut tué d'un coup de fusil. Les trois derniers survivants déjouèrent un instant les poursuites en se jetant dans la rivière qu’ils traversèrent à la nage. Mais bientôt rejoints, ils firent face à leurs poursuivants à coups de revolver, eu tuèrent un, blessèrent grièvement un second, puis reprirent leur course à travers la campagne, gagnant un bois qui, presque aussitôt, fut cerné par la police. On ouvrit le feu sur eux, et l’un des trois forcenés tomba grièvement blessé ; le second, voyant qu'il n'avait aucune chance d’échapper, se coupa la gorge ; le troisième, seul survivant des huit fugitifs.parvint à rom pre le cordon de surveillance. On n'a plus eu de ses nouvelles. — R....