Extrait du journal

« première avenue». Et l’écrivain amé ricain part de là pour nous faire cons tater combien sont rares.dans tous les pays, les hommes capables de porter un message à Garcia , et combien, cependant, il serait nécessaire d’en avoir toujours sous la main. Mon cœur, dit-il, va à l’homme qui fait sa besogne quand < le singe > est parti comme quand il est présent, qui prend tranquille ment le message à l'adresse de Garcia et ne pose pas de questions idiotes, ne fourré pas la lettre dans un tiroir, ne cherche pas aussitôt à organiser une grève. Notre civilisation est en quête d’un tel homme. Tout ce qu’un tel homme demandera loi sera sur-le-champ accordé ; son espèce est si rare qu’aucun patron n’aurait garde de le laisser échapper. On a besoin de lui dans cha que ville, dans chaque bourg, dans chaque village, il n’est pas de bureau, de boutique, d’atelier qui ne réclame sa présence. Le monde entier l'appelle de tous ses vœux ; il fait défaut, cruellement défaut, l’homme qui peut porter un message à Garcia. Ici, nous croyons que l’auteur exa gère un peu; nous ne ferons pas aux Américains l’injure de croire que l’homme qui peut porter un message à Garcia existe chez eux à l’état d’exem plaire unique. Les épisodes de la guerre hispano-américaine et antérieurement à la guerre de Sécession prouvent que chez eux aussi il ne manque pas d’hommes pour porter un message à Garcia, à condition que Garcia soit bien loin, bien difficile à trouver et qu’il y ait neuf chances sur dix pour laisser sa vie dans l’entreprise. Et les Français aussi ont montré en mille circonstances qu’il y avait parmi eux des hommes capables de porter un message à Garcia ; peut-être même, à y regarder de près, tenons-nous le record dans ce sport d’un genre parti culier; et nous tenons le record préci sément parce que c’est le Français qui a inventé cet art de se «débrouiller » dans la pratique duquel les qualités traditionnelles de notre vieille race gauloise sont indispensables. Presque journellement débarque sur notre sol un Français qui vient de porter un message à Garcia et qui s’est débrouillé ersonne ne sait trop comment; par ois la foule l’acclame, parfois elle n’y prend pas garde, suivant les circons tances, et lui n’en est ni plus fier ni plus humilié pour cela. Seulement, de l’autre côté de l’Atlan tique, quand un homme a porté un message à Garcia, les grands indus triels en tous genres se disputent l’honneur de populariser son nom en se taillant une réclame dans son his toire ; chez nous, les gazettes consa crent bien quelques colonnes à son odyssée, mais trois jours après il n’en est plus question... ADV....