Extrait du journal

— .... « Paraît qu’on veut suppri mer le bagne, disait l'autre jour un forçat condamne à vingt ans de tra vaux forcés pour assassinat... Ça alors, ça serait un sale coup. >* 11 y a deux façons de sortir du bagne de Guyane: par la mort — en cinq ans, il meurt un forçat sur deux — et par l'évasion. Les forçats, comme la plupart des hommes, ne pensent que fort peu à leur mort: ils pensent à l’évasion. La « Relie », comme ils disent. L’immortelle espé rance habite dans leur cœur. Elle n’est pas vainc. Le « trans porté » s'évade beaucoup. Avec la complicité de certains surveillants, pour cinquante francs on pusse en Guyane Hollandaise. Mais M. Marins Moutct, ministre des colonies, a annoncé l'intention de supprimer le bagne. Et il est bien vrai que, de l’avis de tout le monde — sauf peut-être, comme on vient de Je voir des intéressés, peut-être aussi des agents du service pénitentiaire, le système de la transportation, ins titué en 18.'>4, a fait faillite. Une faillite manifeste et retentis saute. Le but était, en même temps que la juste application de la peine, « le redressement moral » du condamné. Les condamnés au bagne ne sc redressent* pas du tout. Ils se pourrissent les uns les autres, dans une corruption dont la pudeur m’oblige à épargner le caractère au lecteur. Ils sont exploités par leurs gardiens. Ils se volent les uns les autres. Ils s’assassinent entre eux. Toutes sortes de maladies les déci ment: paludisme pernicieux, pianbois, dysenterie, ankylostomiase, lèpre, tuberculose et le reste. Et aussi par une autre maladie, qui s’appelle « la piqûre de hamac ». Vous ne savez pas ce que c’est ?... Depuis 1025 on leur a donné, nu lieu

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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