Extrait du journal

Variation sur Les Deux figeons Méline avec Lebon faillit ne plus s’entendre ; Lebon, s'ennuyant à Paris, Avait le désir d’entreprendre Un court voyage à Saint-Louis. Méline dit : « Qu’allez-vous faire? « Vous éloigner du ministère? « Un porteteuille est vite à l’eau : « Prenez garde, imprudent, en gare de Bordeaux, « Au début même du voyage, « D’apprendre qu’on nous déménage l « Encor si la session s’annonçait sans nuage ! v Attendez l’an prochain^ qui vous presse ? Un corbeau « — Mesureur — a juré qu’il nous f...eraît ta peau. « Je ne songe, depuis, qu’à la fatale veste, « Si vite remportée! Hélas! Il faut si peu « Pour qu’on tombe à la queue leu leu, « Moi, vous, Hanotaux... Lebon, reste ! » Ce discours alla droit au cœur Du ministre en mal de steamer. Mais le désir de voir, enfin, comment est faite * Cette terre africaine, où sans cesse il décrète, L’emportèrent. 11 dit : « Méline, pleurez pas : « Aux vannes de vos yeux, mettez un cadenas. « Vingt jours au plus rendront mon âme satisfaite. € Je reviendrai conter ce qui se fait là-bas « A nos amis du ministère. « J’inspecterai mes gens ; il n'est bon fonctionnaire « Qui n’erre... quelquefois. Sur le sol africain « Mieux vaut que j’aille un peu moi-même. « L'œil du maître est..le bon,croyez-moi, Père au pain. « Donc je m’en vais; assez de flemme !* A ces mots, à la gare il monte, prend le train. Puis le bateau. svéloigne... Or, quoique Lafontaine Dans sa morale ait dit : Que qui voyage peine Et souffre sans profit, Attendons le retour de Lebon pour l’en croire : Quiconque voit par soi s’épargne maint déboire. Stick....