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Le Petit Marseillais, 11 avril 1916

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Le Petit Marseillais
11 avril 1916


Extrait du journal

dire de la situation respective des armées française et allemande sur le front de Verdun, c’est qu’elles s’y heurtent, depuis plus d’un mois déjà, avec des effectifs et un matériel en ligne sensiblement égaux. Dans ces conditions, le commandement al lemand doit avoir fait son deuil de tous les avantages qu’il pouvait attendre d’une offensive brusquée, laquelle a manifeste ment échoué sur tous les points, tant au point de vue tactique qu’au point de vue stratégique. En bonne logique, l’échec de cette offensive aurait dû marquer la fin de la bataille. Malgré tout, celle-ci continue. Les Alle mands s'entêtent. Ils s’obstinent à vouloir user par frottement Je front qu’ils n’ont pu crever à coups de massue. A l’offensive brusquée ils font succéder l’offensive que j’appellerai larvée, celle qui no paraît s’en dormir que pour mieux préparer ses réveils intermittents, comme certaines fièvres. Si pareille tactique est sage, ou bien si elle no témoigne pas bien plutôt d’un dé sarroi grandissant dans l’esprit des chefs teutons, il appartient aux seuls techniciens d’en juger. Pour nous, profanes, qui ju geons uniquement avec notre bon sens, nous ne pouvons en déduire qu’une cons tatation : et c’est que, sage ou désespérée, cetto tactique est évidemment employée par nos ennemis, parce qu’ils croient pos séder encore sur nous, après toutes leurs supériorités évanouies sur le front de choc, urfe'supériorité dernière. Celle-ci est, no peut être, dans leur es prit, que la supériorité d’outillage et do rendement des usines qui alimentent Je front allemand en canons nouveaux ou re nouvelés, en munitions et en matériel de toute sorte sur les usines qui alimentent le front français. Qu’on y songe, on effet : depuis près de cinquante jours cme dure la bataille, si les hommes qui s’y heurtent ont eu des intervalles de trêve, les canons, les mitrailleuses, n’ont pour ainsi dire jamais cessé de tirer, les avions de voler et de se battre, les camions de rouler, tout le matériel, en un mot, de fonctionner. Or, le matériel s’use et doit être remplacé avec une rapidité d’autant plus grande qu’il fonctionne plus activement. Sans...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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