Extrait du journal

Au théâtre, si le théâtre qui obtient leurs préférences reçoit une subvention de l'Etat, ils se carrent dans une loge ou pour le moins dans un confortable fau teuil sans bourse délier et ils distribuent en tout temps, d’une main d'autant plus généreuse que cette générosité ne leur coûte rien, des billets de faveur. Les gardiens de la paix agitent en vain leurs bâtons blancs pour arrêter les fiacres de nos parlementaires ; d’un geste impérieux, ils brandissent leur coupefile et, plus heureux que Louis XIV, jamais ils n’ont failli attendre. J'en connais qui chassent à la barbe des gardes champêtres et des gendarmes sans avoir pris la précaution de s’offrir un permis et bien peu supportent qu’on les dérange si la fantaisie leur vient de tirailler sur les terres d’autrui. Nos souverains ont restauré à leur pro fit les anciens privilèges et la liste des abus dont ils se rendent coupables serait interminable. Pour y mettre un terme, il faudrait une nouvelle nuit du 4 Août ; mais- on aurait tort de trop compter sur leur généreuse initiative et de croire qu'ils sacrifieront spontané ment sur l’autel de l’Egalité une parcelle de des prérogatives qu’ils usurpèrent et regardent aujourd’hui comme des droits....