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Le Petit Marseillais, 12 novembre 1902

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Le Petit Marseillais
12 novembre 1902


Extrait du journal

innombrables petits pavillons de l’Entrepôt. A deux ou trois cents pas plus loin débouchait l’extrémité inférieure de la rue des FossésSaint-Victor, dont la partie supérieure arrive, oh le sait, jusqu’au sommet de la montagne Sainte-Geneviève. 11 aurait suffi à Jane de s’en gager dans celte rue pour parvenir à l’hôtel Simeusc ; mais, hélas, si la malheureuse en fant s’était trouvée en face de la grande en trée du logis ducal, elle aurait passé outre sans reconnaître la maison de sot* pères, sans se souvenir des baisers do sa mère... La jeune fille quitta la chaussée et descen dit sur la berge rapide où se voyaient, à côté de plies énormes de bols flotté, de glgantesquss troncs d’arbres à peine équarrls. Elle s'assit sur l’un de ces arbres. Elle appuya ses coudes sur ses genoux et soutint sa tete entre ses deux mains ; puis, les yeux tournés vers la rivière qui coulait a scs pieds, elle se plon gea dans une sorte do torpeur qui n’était ni le sommeil ni la veille. Un temps assez long s’écoula... le crépus cule allait commencer. Jane sc leva. Elle ne sentait plus sa fatigue, mais une vive douleur lui faisait porter sa main à sa poitrine. Elle avait faim... Paris est une ville où la misère abonde, mais où la charité n’a jamais fait défaut. On ne refuse guère un morceau do pain à celui dont ce pain doit soutenir la vie. Seulement, cette humble aumône, il faut tendre la main pour la recevoir. Or, nous savons déjà que Jane était Incapa ble de formuler une simple demande et que les choses n’avaient plus de nom pour elle. Elle sentait bien qu’elle sou Oral t, mats elle Ignorait d’où venait cette souffrance et quel moyen il fallait employer pour la soulager. La jeune fille se remit à marcher, Elle che mina lentement, péniblement, car ses pieds endoloris se refusaient presque à porter le poids de son corps. La nuit descendit du ciel, en même temps qu’un brouillard épais montait de la Seine. A...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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