Extrait du journal

Mandat Impératif à l'Épreuve Dans une lettre adressée à une feuille pari sienne, M. Pierre Vaux se défend comme un beau diable contre la mise en demeure de son comité électoral. M. Pierre Vaux est, on doit se le rappe ler, ce député dont nous avons récemment parlé, lequel ayant accepté un mandat impératif et confié sa démission en blanc à son comité, a vu ce comité, pour des raisons échappant à notre appréciation, faire usage du « bon billet ». Le démissionnaire récalcitrant épilogue le mieux du monde sur les conditions du traité qui le lie.. C’est un peu, au fond, comme dans cette scène légendaire entre la grisette et l’étudiant,crayonnée par Gavarni. — Mais tu m’avais pourtant donné ta fiarole d’honneur ! dit l'étudiant surprenant a grisette en inobservation flagrante de ses engagements. — J’avais pas dit la plut sacrée, répondelle. « Je crois, dit M. Pierre Vaux, avoir fait mon devoir de député selon mes faibles moyens: j’espère bien le faire jusqu’au bout. Mais de là à être un esclave sans volonté, sans responsabilité , sans dignité , il y a loin. » Là est toute la nuance : Le candidat n’avait pas prévu que, devenant député de par le mandat impératif, il serait exposé à agir comme un esclave, sans volonté, sans responsabilité et sans dignité. Nous répéterons ce que nous avons dit à ce sujet : Le cas, actuellement, ne relève plus que de la conscience de M. Pierre Vaux, il est libre d’apprécier si oui ou non il a prétendu se livrer pieds et poings liés à son comité. Mais cette alternative même doit nous fixer sur la moralité du mandat impératif et sur sa réelle puissance effective. Si les élec teurs s’y laissent encore prendre c’est que leur naïveté aura atteint des limites dé sormais impossibles à distancer. A. ELBERT....