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Le Petit Marseillais, 13 janvier 1887

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Le Petit Marseillais
13 janvier 1887


Extrait du journal

Nous avons donné hier, dans notre édi tion de Marseille, l’analyse du discours prononcé par M. de Bismarck au sein du Reichstag allemand. Dans l’énumération qu'il a faite des rapports entretenus par l’Allemagne avec les puissances européen nes, le grand chancelier s’est longuement étendu snr la France et sur l’éventualité d’une guerre avec elle. C’est le compte-rendu in extenso de cette partie du discours de M. de Bismarck que nous publions aujourd’hui, persuadé que nos lecteurs ne seront pas fâchés de sa voir comment la France et les Français sont jugés par l’homme qui a le plus puissamment contribué à faire l’Allemagne ce qu’elle est. Voici ce discours, tel que nous le trans met l’Agence Havas, à la date du 12 janvier, 5 heures du soir : Nous ne nous sommes pas moins efforcés de nous réconcilier avec la France, après la guerre de 1870-71. Je ne sais pas si nos efforts ont été couronnés de succès de ce côté de l’Est. Si nous n’avions qu’à compter avec ce qui se passe dans l’Est, nous n’aurions pas été obligés de présen ter ce projet de loi ; mais en France la situation est différente. Je ne puis parler sur ce point que d’après mon jugement politique, mais je puis faire valoir que je remplis depuis trentesix ans des fonctions dans ce domaine de la grande politique européenne, et que je puis me référer a différentes époques passées, où mon jugement politique a été exact, et surtout plus exact que celui de l’opposition parlementaire que j’avais vis-à-vis de moi. (Applaudissements à Droite). Je n’ai pas besoin de passer ici en revue tou tes les puissances de l’Europe. Je ne parle pas du tout de l’Italie et de l’Angleterre, parce que je n’ai aucune raison pour me demander si ces Etats nous veulent du bien. En voulant aug menter nos forces militaires, nous ne songeons aucunement à ces deux puissances. Mais, entre l’Allemagne et la France, l’œuvre de paix est plus difficile à accomplir, parce qu’il y a entre ces deux Etats un long procès historique con cernant la délimitation de la frontière. Le litige a commencé, si nous n’envisageons au point de vue purement historique, â la con quête des trois, évêchés de Metz, Tout et Verdun. C’est là un fait oublié, mais je le mentionne seulement à cause de l’enchaînement historique des événements. Nous ne vouions reprendre ni Toul, ni Verdun, et nous possédons déjà Metz. Mais depuis lors il y a eu à peine en Allemagne une génération qui n’ait pas été obligée de combattre à cause de cette querelle de frontière. La dernière paix que nous avons conclue avec la France est-elle même définitive, ou ne l’est-elle pas ? Je ne saurais le dire. Je puis seu lement exprimer la supposition que la querelle n’est pas terminée. Nous avons fait, de notre côté, tous nos efforts pour engager les Français à oublier ce qui s’est passé. Nous avons favorisé tous les désirs de la France, à l’exception de ceux qui concernent la possession d’une partie plus ou moins grande de la frontière du Rhin, ni en Alsace, ni plus bas. Nous ne pouvons ac corder cela à la France, mais nous nous som mes loyalement efforcés de lui être agréables dans les autres questions. Nous n’avons, de notre côté, ni le désir, ni l’intention de faire la guerre à la France. J’ai toujours repoussé l’idée de faire une guerre, par la seule raison qu’elle était inévitable dans l’avenir. C’est moi qui me suis opposé, en 1807, à ce que l’on profitât de Ja question du Luxem bourg pour faire la guerre à la France. Si l'empereur Napoléon était mort quelques années plus tôt, nous aurions pu, peut-être, nous dispenser de faire la guerre, si les Fran...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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