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Le Petit Marseillais, 13 juin 1894

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Le Petit Marseillais
13 juin 1894


Extrait du journal

La question à laquelle vient répondre ici notre uninent collaborateur, M. Marcel Prévost, passionne irop l’attention pour que nous puissions noua refuser à la laisser traiter. Il est pourtant une réserve expresse qui doit •ester sous-entendue, toutes les fois qu’une voix rançaise prend la parole en un tel débat : La ques tion de l’Alsace-Lorraine intervient préjndiciellenent dans la question du désarmement, et la «"rance, on consentant à discuter les bases d’an iccord international visant ce dernier objet, suborlonne toujours son concours à l’acceptation du principe du retour à la mère-patrie de nos chères provinces de l’Est. Ceci dûment spécifié, nous donnons la parole à M. Marcel Prévost : Périodiquement, toutes les nations européennes subissent des crises d’in quiétude sur la valeur de leurs défenses militaires. On a beau faire de son mieux, des deux côtés du Rhin et des deux côtés de la Manche, les chimistes ont beau combiner savamment les explosifs, les stralégistes calculer à une minute près les délais de la mobilisa tion, les ingénieurs perfectionner forte resses et cuirassés,une brume d’inconnu plane malgré eux sur l’efficacité réelle de tous ces efforts. Depuis 1877, époque de la dernière guerre européenne, une formidable évolution a transformé, en pleine paix, l’armement de l’Europe. L’adoption delà mélinite et de la poudre sans fumée est un facteur nouveau plus important que ne le furent la rayure des canons ou leur chargement par la culasse. Un nouvel ordre de bataille s'élabore, sur terre et sur mer, et cela théoriquement, sans que l’expérience de la guerre, la seule probante, les ait confirmés. L’inquiétude des peuples est donc légitime, et de cette inquiétude naît la poussée, sourde encore, mais bientôt formidable — vous le verrez — qui les incline tous à l’idée du désar mement. Désarmer, c’est un mot qui s'entend, suivant les esprits, de façons bien diverses. Pour beaucoup, pour la foule, cela veut dire n’avoir plus de soldats, plus d’armée du tout, rendre à la terre ou à l'industrie tous les bras mobilisés annuellement dans l’apprentissage de la guerre ; pour la foule, désarmer, c’est supprimer la guerre. Et cela est absurde. Car on aura beau promulguer des lois d’arbitrage et constituer des tribunaux, jamais on ne parviendra à supprimer, entre les peuples, certains contl ils d’intérêts, irréductibles autre ment que par la force. La force est la sanction suprême de toutes les lois ; sans la force, les lois sont de mauvais textes. Ce qu’il faut, c’est que la force soit uniquement asservie à la loi, au droit; si jamais est réalisé ce rêve d’une entente internationale pour la réduction des dépenses militaires, l’armée de chaque pays ne mourra pas pour cela ; ramenée à de nouvelles proportions, mais plus cohérente assurément que les grandes masses confuses qui sont les armées modernes, l’armée de chaque pays servira à maintenir l’ordre dans les frontières de ce pays, à soutenir ses entreprises de colonisation; elle servira surtout, unie aux autres armées européennes, à faire la police internationale de l’Europe. Une image en raccourci de ce que serait alors l’europe militaire est assez fidèlement donnée par la Suisse, où l’armée fédérale fait, le cas échéant, la police d’un canton dissident. Telle est, aussi, l’armée fédérale des Etats-Unis. Aucun esprit juste, à vue un peu étendue, aucun esprit conscient de l’évolution internationale ne répugnera à une semblable conception qui ménage les droits de chaque pays, tout en créant une sorte de droit supérieur, de droit européen. L’objection la plus forte que l’on puisse présenter est celle-ci : Soit ! Une entente européenne est constituée ; une armée fédérée fait la police de l’Europe : tous les Etats s’en...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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