Extrait du journal

On nous télégraphie de Dijon, 12 octobre : La petite histoire qui suit pourrait, à la rigueur, s’intituler « Le déserteur repentant ». Il s’agit d'un nommé Cautheron qui, origi naire du Creusot (Saône et-Loire) et faisant partie de la classe 1906. arrivait, en octo bre 1907, comme jeune soldat au 26* dragons à Dijon. Une dizaine de jours après, il dis paraissait et toutes les recherches faites pour le retrouver demeuraient infructueuses. Etant jeune soldat, on ne le porta absent qu’illégalement ; on ne pensait même plus à lui, car il en est dans un régiment comme dans l’abbaye, qui ne chôme pas faute* d’un moine, quand, ce matin, le sous-officier de planton à la caserne Heudelet vit arriver à lui un solide Gaillard qui, accompagné d une femme portant un gosse sur son bras, lui de manda où il pourrait voir le colonel, disant vouloir l’entretenir d’un cas spécial. On conduisit, en attendant, l'individu à l’adjudant de semaine, auquel il raconta que, étant parti en 1607 du régiment, dans un mo ment d’ennui, il était allé en Suisse, s’y était marié et était devenu père, mais que la nos talgie du pays de France l’ayant pris, il re venait à son régiment pour accomplir ses deux ans de service, mais qu’il demandait qu'on ne laisse pas sans secours sa petite fa mille. Le colonel, avisé, en a référé au général commandant le corps d'armée et, en atten dant. la femme et l’enfant sont installés dans une chambre en face du quartier. D’après la loi, Gautheron, jeune soldat, ne peut être poursuivi pour désertion après dix jours de présence au corps. — R....