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Le Petit Marseillais, 14 août 1937

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Le Petit Marseillais
14 août 1937


Extrait du journal

lî>00 est, depuis quelques temps, une époque particulièrement vilipendée. O combien injustement ! On a tenté de la ridiculiser. Que d'cUe n’a-t-on pas dit ! Il faut reconnaître qu’on en a parlé souvent avec esprit, au point qu’on a fini par créer, à son propos, une lé gende amusante certes, mais- parfaite ment injuste et qui, comme la plupart des légendes, a la vie dure. En fait, 1900 fut une époque char mante et aimable entre toutes, dispen satrice d’une vie sans souci et pleine d'agréments, où on ne ,connaissait ni difficulté présente, ni angoisse du lende main. Pourrait-on en dire autant au jourd'hui ? C’est pourquoi ceux qui Vont connue ne peuvent que lui adresser le té moignage de leur reconnaissance. Qu'on juge combien celui-ci est justifié. On pouvait alors déjeuner ou dîner copieusement et excellemment pour cinq à six francs. Vingt francs étaient un maximum, n y avait alors dans les grands restaurants parisiens, des maîtres d'hôtels stylés, empressés, aimables qui n’étaient pas affiliés à la C. G. T. et ne songeaient pas à faire la grève sur le tas. Leur seul souci était de complaire aux clients. Quand ceux-ci étaient des ha bitués de l'établissement, ils en connaissaient les goûts et jusqu'aux faiblesses de leurs estomacs. « Correct et doctoral », com me on avait dit de feu Chaurhard, l'homme au testament généreux, le maître d’hôtel époque, tout en demeurant à sa place, exempt de familiarité, recevait volon tiers les confidences des uns et les autres. Certains même s’ingéniaient à veiller sur la paix des ménages — principalement sur celle des illégitimes. Tout cela avait un air de bonne compagnie — en même temps que de bonhomie souriante. Mais où sont-ils, hélas ! ces restaurants qui faisaient, en 1900, l’orgueil de Pari?, et que tous les étrangers de marque connaissaient par leurs noms et dont ils ne parlaient qu’avec admiration. Disparu, l’illustre café Anglais, que mon vieil ami Gabriel Astrue a taxé si justement dans son si amusant et si évocateur « Pavillon des Fantômes » « d'irremplaçable ». Il avait été le séjour favori d’Edouard VII, alors Prince de C .ailes, et le lieu de prédilection des gourmets du monde entier. C’est là qu’ils savouraient les fameux œufs brouillés, brouillés avec art au moyen d'une tuilier en bois et virent naître la barbue Dugléré....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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