Extrait du journal

C’est comme pour la fameuse prédic tion de Cazotte, qui ne fut jamais qu’une fantaisie littéraire de La Harpe, et qui le reconnut d’ailleurs. Mais il eut beau le dire, le conte avait plus d’at traits que la vérité, et il fit autorité. Il est évidemment fâcheux que Cazotte ait été guillotiné, mais en un temps où il était dangereux de conspirer pour la cause royaliste, il fit tout ce qu’il fallait pour l’être, avec une ardeur que n’arrê tait point la vieillesse. Lasalle, la veille de Wagram, écrivit à Napoléon pour lui demander de régler la transmission de ses titres. Mais .estce là chose bien extraordinaire*? Il savait que la bataille serait sérieuse, et il avait l’habitude de ne pas se ménager au feu. Il était donc assez naturel qu’il prît ses précautions. En passant au crible de la raison ces histoires traditionnelles, on arriverait assez vite à les trouver dépourvues de tout merveilleux. Il doit en être de même pour l’aventure du docteur Lap poni, qui, d’ailleurs, était atteint d’une affection cancéreuse dont la progression pouvait mathématiquement se pré voir. . .Je crois tout de même qu’il serait bon que nous fussions un peu moins facilement dupes de tout ce qui a une couleur romanesque. Nous sommes, évidemment, entourés de mystère, mais il y a encore quelques bases solides sur lesquelles se peut appuyer notre raison, et nous pouvons nous y tenir. La science n’explique pas tout ; elle a, du moins, de sûres méthodes de con trôle. Je veux bien croire à la prédiction de la mort du docteur Lapponi, mais je n’y croirai qu’après avoir eu en mains tous les éléments qui pourraient former ma conviction. D'ici là, il est prudent de la tenir pour une fable. PAUL GINISTY....