PRÉCÉDENT

Le Petit Marseillais, 15 février 1888

SUIVANT

URL invalide

Le Petit Marseillais
15 février 1888


Extrait du journal

trempe si souvent ses ailes avant de voler au secours des désespérés. Ainsi prosternée, la mère semble se confesser, mentalement, attendant que le pardon descende et se manifeste à elle par le calme et la sérénité qu’éprouvera son âme, au moment où elle sera rappelée vers l’infini. Lorsqu’elle se releva, après cette longue mé ditation, elle se crut forte pour l’éternel voyage, et elle murmura: — C’est Dieu qui le veut ainsi ! Puis se penchant vers son fils, ses lèvres trem blantes effleurèrent légèrement les lèvres de l’enlant, pour le dernier baiser... Et les yeux voilés de larmes, elle se retira à reculons vers la porte, qu’elle ouvrit à tâtons, de sa main tremblante, voulant que le dernier regard qu’elle adresserait à un être humain fût pour ce fils bien-aimé, dont elle allait se séparer pour toujours !... Elle avait trouvé, pour cette redoutable épreuve, la résignation des martyrs... Lorsque la porte de la chambre se fut refer mée, la fièvre du suicide s’empara d’elle plus violente que jamais. Avec la résolution ferme de ne plus mettre de retard dans l’accomplissement de son terri ble projet, Adrienne courut s’enfermer dans sa chambre pour les lugubres apprêts. Elle se dépouilla avec rage de cette toilette qui, à présent, lui faisait horreur. Elle ne vou lait pas que ces hardes souillées lui servissent de linceul... Elle se vêtit d’un de ces déshabillés blancs, de mousseline diaphane, qu’elle portait, l’été, dans ses promenades du matin, alors que, pen due au bras de son mari, elle parcourait mélan coliquement les allées du parc... Ainsi parée comme autrefois les vierges vouées aux sacrifices, pour l’apaisement des divinités païennes, Adrienne prit, dans le meuble où, naguère encore, elle conservait les lettres de Raphaël, un petit couteau à lame aiguisée, lon gue et mince, qui lui avait servi, mille fois, à ^épouiller les oranges du jardin de Nie» ^...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

En savoir plus
Données de classification
  • ernest lavisse
  • ribérolles
  • paul de cassagnac
  • de cassagnac
  • napoléon
  • lavisse
  • ernest la
  • anspach
  • larisse
  • hohenzollern
  • france
  • marseille
  • angleterre
  • allemagne
  • paul
  • russie
  • italie
  • brandebourg
  • paris
  • don
  • faculté des lettres
  • na
  • lacoste