Extrait du journal

Les Couloirs avant la Séance Paris, 14 janvier. Il y a longtemps que nous n’avions vu au tant de monde un jour de rentrée. D'ordi naire, nos honorables se font un peu tirer l’oreille pour regagner le Palais-Bourbon et ce n’est pas avant la troisième ou la quatrième séance que la Chambre est au complet. Cette fois, tous ou presque tous assistaient à l’ou verture de la session. Aussi bien, l’année ayant commencé un mercredi, les vacances de janvier ont eu leur maximum de durée et. à moins d’empêchement absolu, les députés auraient été inexcusables de ne pas se trouver à leur poste.Il y a bien eu, par-ci par-là, quel ques paresseux qui ont oublié de prendre le train, mais le nombre n’en est pas très consi dérable et, quand le président d’âge a fait son entrée, les couloirs étaient fort animés. M. Louis Passy.qui occupe pour la troisième fois le fauteuil en qualité de doyen, est tou jours alerte ; bien qu’il ait une année de plus, son visage, encadré d’une belle chevelure blanche, est aussi frais, aussi rose et c’est plaisir de le voir redresser sa petite taille en traversant la double haie formée par le piquet d’honneur. Les tambours battant aux champs ne se sont pas encore tus que le président d’âge a franchi le seuil de la salle et qu’on entend la voix des huissiers clamant, à tra vers les couloirs : « En séance, messieurs, s’il vous plaît ! » Quelques minutes encore et la session ordi naire de 1903 va commencer....