Extrait du journal

Vers la fin du xvii* siècle, Swift préten dit avoir trouvé un moyen d’améliorer la situation des Irlandais, gui crevaient de misère. « Il m’a été assuré par un Américain de ma connaissance, écrit-il, homme très capable, qu’un jeune enfant bien portant, bien nourri, est, à l’âge d’un an, une nour riture tout à fait délicieuse, substantielle et saine. » Et il en concluait que,y ayant en Irlande environ cent vingt mille naissances par an, rien ne serait plus simple que d’en élever seulement vingt mille « pour la re production de l’espèce » et de consacrer les cent mille autres à l’amélioration de l’ordinaire des gentlemen anglais. Cette proposition n’a eu, à cette époque, aucune espèce de succès. Mais, dans un article du Temps, M. Henri de Varigny vient de reproduire le récit d’expériences vraiment scientifiques qui sont tout en faveur de l’anthropophagie. Quant on nourrit une grenouille, paraît-il, avec du mou de veau, il lui faut, de cet aliment, une quantité presque double de celle qui lui suffit quand on lui livre en pâture un petit morceau d’entrecôte prélevé sur le corps d’une autre grenouille. « Le simple raisonnement, dit le savant dont M. de Varigny cite les travaux, au rait pu faire prévoir ce résultat. En effet, il est constaté que la viande de mammi fère est pour les autres mammifères, sous un plus petit volume, plus nourrissante que les herbes, les graines et les fruits : on s’assimile plus aisément ce qui vous est plus semblable. Par conséquent, la viande assimilable entre toutes doit être celle de son pareil. » Ce savant conclut donc, avec ingénuité, que notre horreur de l’anthropophagie pro vient d’un préjugé vulgaire, auquel la civilisation a pour devoir* de mettre un terme., Moi, i'aim» décidément beaucoup la...