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Le Petit Marseillais, 16 avril 1933

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Le Petit Marseillais
16 avril 1933


Extrait du journal

— Baiserai-je, papa ? demandait jadis Thomas Diafoirus à In illustre père. Les Diafoirus de notre politique étrangère, à propos de la iette française aux Etats-Unis, posent aujourd'hui, à deux let tres près, la même question à notre vacillante Chambre des députés. — Paierai-je, maman ? L'un d'entre eux, M. René Richard, a vivement argumenté sa mère. — Voyons, lui a-t-il dit, il ne s’agit pas de vous déjuger. Vous n’avez pas, le 14 décembre dernier, refusé le paiement : vous l’avez différé, en spécifiant, dans un ordre du jour, que vous en tendiez lier le versement à l’ouverture d’une négociation pour re viser l’ensemble de la dette. Or, cette négociation est sur le point de s'ouvrir... Et puis, deux faits nouveaux se sont produits depuis le 14 décembre : M. Franklin Roosevelt, personnage libé.ral et francophile, a pris le pouvoir ; l’Amérique, pays de séismes et de catastrophes, est secouée par une dure crise financière. Vous devez tenir compte de ces deux faits. Laissons donc de côté le passé. N'envisageons que le présent et l’avenir... Il y a, dans cette argumentation, une part incontestable le vérité. Il est certain que, le 14 décembre, la Chambre, femme vacillante mais pour une fois résolue, s’est prononcée surtout contre le président Hoover et contre ses méthodes. Elle ne pou vait admettre que le président Hoover, ayant imposé en 1931 à la France un moratoire quand il s'agissait de la dette allemande, refusât en 1932 à la même France un moratoire semblable quand il s’agissait de la dette française. Or, le président Hoover n'est plus et les méthodes du président Roosevelt sont sensiblement différentes. Il a fait preuve d’un doigté et d’une conciliation in déniables. Il a tenu à traiter sur le même pied d'affable courtoi sie et l’Angleterre qui avait effectué son paiement, et, la France qui avait différé le sien. Il a convié le premier ministre d'Angle terre à venir s’entretenir avec lui à Washington et, presque par le même message, il convie un ancien président du Conseil de France à en faire autant. Par-dessus tout, il a marqué sa volonté de rouvrir la négociation des dettes et de la résoudre dans un esprit d’équité et de concessions réciproques. Tout cela constitue indubitablement un fait nouveau et mérite d'être pris en sérieuse considération. Mais le point important n’est pas la liquidation du passé, c’est la liquidation de l’avenir. On raisonne comme s’il n’v avait en jeu que le paiement, du 15 décembre 1932; il y a en jeu le paie ment du 15 juin 1933, et celui du 15 décembre 1933, et cent dixhuit autres paiements après ces deux-là. Comment entend-on traiter cette kvrielle infinie d’échéances ? Connait-on à leur égard les intentions du créancier ? Quelle répercussion aura sur les cent vingt versements encore à effectuer le versement en retard ? Voilà, n’en déplaise à tous nos Diafoirus, le vrai pro blème, voilà le grand problème. Et ici il semble bien que les idées flottent quelque peu... Pour M. René Richard, il s’agit de répondre à un geste de cordialité du président américain, par un geste d'amitié de la France et de faire preuve, à l'heure trouble que traversent les Etats-Unis, de solidarité internationale. Pour M. Edouard Herriot, il s'agit de tenir un engagement que nous n’avons pas tenu, le 15 décembre dernier, et de rentrer dans l’observation scru puleuse des contrats signés. Pour d’autres, il s’agit de faciliter les négociations qui vont s’engager et de s’v présenter dans la posture la plus favorable. Or, ces raisons diverses ne laissent pas d’être assez contradictoires. F.t rien ne garantit, en admettant que nous payions, que l’Amérique n'attache pas sa signification à elle à notre paiement. (Lire la suite en deuxième page)...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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