Extrait du journal

— Je vous prie de ne pas insister... — Puisque vous l’exigez, .je vous laisserai partir sans rien vous demander de plus !... Ce pendant... M. de Saule avait tendu sa main une seconde fois. M110 de Talazan y mit la sienne et ajouta très bravement, après une courte hésitation : — Vous ne voulez rien me dire, et je respecte votre secret. Mais j’en ai un, moi, que je désire vous faire connaître avant que vous partiez. Je regretterais beaucoup, en effet, que vous l’ap prissiez par hasard et que vous vous crussiez alors le droit de douter de ma contiance et de mon amitié. — Qu’avez-vous à m’apprendre ? demanda M. de Saule avec un serrement de cœur , comme s'il prévoyait déjà qu’un malheur le menaçait. — il s’agit, reprit Germaine, de la personne dont je vous ai parlé tout à l’heure. — M. de Morat, n’est-ce pas ! — oui, le comte de Morat. Donc il faut que je vous apprenne que M. de Morat est venu à Ta lazan dans l’intention de rechercher ma main. Il a lait sa demande à ma mère, il y a quatre jours. — Et... — Et ma mère la lui a accordée, réservant seulement un délai de trois jours pour me lais ser, à moi, le temps de me consulter et de conlirmer ou non sa parole. C’est ce matin que le délai a expiré. — Alors?... vous?... — Alors, estimant que ma mère était meilleur juge encore que moi-même des conditions de mon bonheur, j’ai ratifié la promesse qu’elle avait faite. Dans un mois, je m’appellerai Ma dame de Morat... Vous savez maintenant, Ju lien, le secret que j’avais à vous apprendre. M. de Saule avait fait un pas en arriéré dès le début de cette confidence. Heureusement, il avait pu s'appuver contre un des châtaigniers...