PRÉCÉDENT

Le Petit Marseillais, 16 octobre 1904

SUIVANT

URL invalide

Le Petit Marseillais
16 octobre 1904


Extrait du journal

L'ÉDUCATION DE L'ENFANT Au temps où M. Alfred Naquet, l’apôtre du divorce, faisait en France sa tournée de missionnaire laïque, nous l’entendîmes au théâtre Vallette (octobre 1879), dans une de ces conférences où il démontrait, avec des larmes dans la voix, que la France connaî trait l’âge d’or quand le divorce serait rétabli dans notre Code. Plus de tiraille ments, plus de discordes, plus de jalousies. Suppression de l’assassinat entre époux ; les coups de revolver n’auraient plus de raison d’être, ni les coups de couteau, ni même les coups de canif. On se quitterait avec dignité, quand on aurait cessé de se plaire, et l’on ne se connaîtrait plus. Le sort des enfants serait réglé par les tribu naux et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Il y a vingt ans que le divorce a été rétabli et l’on sait ce que vaut l’aune de ces belles promesses. Les statistiques et la lecture des faits-divers nous révèlent qu’il n’y a jamais eu plus de drames conjugaux, plus de guerres intestines, plus de mauvais ménages que depuis ces vingt dernières années. Ce qui tendrait à démontrer que cette panacée universelle du divoice n’a rien guéri du tout. Chaque jour fait éclater un nouveau cas de bisbille entre anciens époux, né de leur situation fausse et pré sentant des difficultés inextricables. Le plus récent est peut-être celui de M. Roger, préfet de la Loire-Inférieure, con tre qui le divorce a été prononcé en 1897. Sa fille Odette, qui avait alors 9 ans, fut confiée à la garde de sa mère. M“° Roger mit sa fille chez les Dominicaines d’Arcueil. L’année dernière, par suite de l’ex pulsion de ces religieuses, l’établissement fut fermé. L’une des sœurs se fit séculari ser et ouvrit un établissement libre, où la jeune Odette la suivit. Sur ces entrefaites, Mœe Roger convola avec le fils du général Langlois, lieutenant au 25e d’artillerie, à Vannes. M. Roger pro fita de la circonstance pour demander diverses modifications dans la garde de sa fille. Il stipulait notamment que la jeune personne — elle a aujourd’hui 16 ans — suivit les cours du lycée Fénelon ou de tout autre établissement laïque. On ne conçoit guère, en effet, (bien que le contraire se soit vu souvent) que la fille d’un agent de laïcisation soit élevée dans un établisse ment religieux. La mère demandait, au contraire, qu’on laissât les choses en l’état. Le tribunal a rendu un jugement à H Salomon. Il a, comme on dît, coupé la...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

En savoir plus
Données de classification
  • bosko
  • etigny
  • mallarmé
  • roger
  • loubet
  • waldeck-rousseau
  • chrétien
  • barbiere
  • water
  • trouillot
  • france
  • luchon
  • brest
  • trébons
  • bologne
  • lee
  • irlande
  • murphy
  • europe
  • marigny
  • union
  • salomon
  • lycée molière
  • luchon