Extrait du journal

Installer au théâtre et y dessinait sans dis continuer des caricatures très bien venues. Il m'a dessiné au moins vingt fois et fait reproduire ces silhouettes dans les grands journaux américains, dont il est un collabo rateur assidu. Un jour, mon petit garçon, qui se trouvait là, lui dit : -Est-ce vrai, monsieur Caruso, ce que m’a dit mon papa? — Quoi donc, mon petit? — Que vous avez la plus belle voix du monde et que vous êtes le meilleur chanteur qu’il connaît? — Tu ne m’as donc jamais entendu ? — Non monsieur. — Eh bien ! tu viendras m’entendre demain soir. Je t’enverrai des places. — C’est impossible. — Pourquoi ? — Je n'ai que huit ans et je me couche tous les soirs à l’heure où commence le spectacle. — Et tu voudrais pourtant m’entendre ? — Oh! oui, monsieur Caruso. — Eh bien ! tu viendras demain, à trois heu res, à l’hôtel Waldorf-Astoria ; je chanterai pour toi. Le lendemain, à l'heure dite, je me présente avec mon rejeton unique. — Ah! non, me dit Caruso, pas vous, mon cher. J’ai promis de chanter pour le petit....