Extrait du journal

double par un régiment de réserve ; il y a un régiment territorial dont les réserves vien draient avec entrain sous les drapeaux. Il n'est pas exagéré d’évaluer à 50.000 le nombre d’hommes pouvant porter les armes, la plu part ayant servi et menant une rude existence dans la montagne. Les armes ne manqueraient pas, elles sont réunies dès maintenant- dans les centres de recrutement. On pourrait former en peu de temps une petite armée ayant même sa cavak-rie, montée sur les ardents petits chevaux particuliers à l’ile. Cette force, pour être conduite, demande des qualités particulières. Le commandant en chef doit être plus qu’un simple général de brigade ; il lui faut tous les dons d’un chef d’armée et une connaissance complète de l’ile, connaissance que l’on ne peut posséder sans un séjour de longue durée. J’ignore si le mi nistère de la guerre s’est toujours inspiré de ces considérations dans le choix de l’homme mi% à la tête de la défense insulaire ; il faut l’espérer, car peu de fonctions dans l’armée sont plus délicates. Malgré l’apparente tranquillité de l’Europe en ce qui concerne la France, on ne saurait dire que la Méditerranée restera calme ; un incident peut de nouveau déchaîner une guerre ayant la mer latine pour théâtre. Les îles qui la parsèment prendront alors une im portance stratégique capitale. Elles peuvent devenir l’objectif de puissances qui vou draient commander la route de Suez. N’a-t-on pas signalé souvent le désir de l’Allemagne d’avoir aux Baléares un point d’appui pour sa flotte ? La Corse, par sa situation sur la route des navires qui empruntent un si grand nombre des bouches de Bonifacio, par le nom bre et la sûreté de ses mouillages, par la riclKïSse d’un sol aujourd’hui insuffisamment exploité, est un appât bien tentant ; d’autre part, elle peut devenir un des buts de l’irré dentisme italien. Il importe donc, même en pleine paix, de la mettre en état de se défen dre seule, comme si la mer était interdite à notre flotte de Toulon. ARDOUIN DUMAZET....