Extrait du journal

Près de l’âtre, couchée sur le carreau, la chèvre blanche s’était endormie aux chau des caresses du foyer. La chèvre blanche... c'est elle aussi que Ro se des Neiges regrettait et pleurait déjà. L’enfant murmura : — Et la chèvre, maman ?... et la chèvre ?.. — La chèvre ? — Oui mère, tu n’as donc pas songé à Blanchette ? — Oh ! elle trouvera toujours un abri ; les beaux jours vont revenir, et, après la fonte des neiges ,l’herbe reverdira, haute et grasse. Elle sera libre, elle, de s’en aller où bon lui semblera... on n'ira point la prendre, là-bas, sur les hautes cimes... L’enfant ne répliqua point ; mais deux grosses larmes sillonnèrent ses joues brunes et un profond sanglot souleva sa poitrine. III Deux jours s’écoulèrent. Dans six jours — ainsi que cela avait été convenu — Cécilia devait conduire Rose des Neiges à la gendarmerie de Luchon qui avait mission de diriger aussitôt la jeune fille sur Tarbes où elle serait remise à l’assistance publique. Le troisième jour Cécilia dit à Rose des Helges : — Nous partirons ce soir, mon enfant ; te sens-tu la force et le courage de marclieî jusqu’à un hameau situé non loin de Mon tre j eau ? — Où tu iras j’irai, mère. — Quand on viendra te chercher on ne nous trouvera plus... la tour sera vide à tout ja mais. Nous abandonnerons nos pauvres meu bles. Dès aujourd’hui nous ferons un paquet de nos hardes... et, à la grâce de Dieu !... — Nous partirons ce soir ? — Oui, ce soir même. D'un pas lent elle se dirigea vers une gran de aripoire, l’ouvrit et en sortit quet qu’elle posa sur la table....