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Le Petit Marseillais, 19 août 1892

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Le Petit Marseillais
19 août 1892


Extrait du journal

J’enregistre tous les jours avec soin les différents phénomènes, produits nou veaux de ces forces encore inconnues qui s’appellent les syndicats ouvriers. Au risque d’attrister de très braves gens, de décourager d’honnôtes mais impuissantes bonnes volontés et de tuer dans l’œuf le petit oiseau bleu,- messager décevant d’espérances irréalisables, j’ai toujours soutenu, en effet, que le socialisme, dans sa forme moderne, batailleuse, autori taire, pousserait les travailleurs en de déplorables aventures et qu’une fois de plus, le peuple, le vrai peuple paierait, pour finir, les folies des utopistes ou la canaillerie des meneurs. Le spectacle que nous donnent depuis quelques mois nos frères d’Amérique nous permet de prévoir le sort qui nous attend si la veulerie des pouvoirs pu blics et l’inconscience de l'opinion aidant nous laissons se développer et grandir ces exécrables tyrannies professionnelles qui s’exercent, en fait, au profit de quel ques sinistres farceurs, au détriment des masses ouvrières. Les syndiqués d’Amé rique, avec la puissante furie des races jeunes, ont brûlé toutes les étapes qui séparent d’équitables revendications de crimes inexpiables. Par le fer, par le feu, ils ont semé la terreur dans les masses qui, pourtant, leur étaient d’abord sym pathiques. Dans les tenailles d’acier de leurs corporations, ils ont broyé toutes les volontés, toutes les résistances. Ils ont mis le feu aux usines, détruit la po lice, transformé des fleuves en torrents de pétrole, ouvert les bagnes, incendié le matériel des chemins de fer et,- finale ment, assommé ceux d’entre eux dont la foi vacillait un peu à la vue de ces désas tres et de ces ruines. Gomment tout cela finira-t-il? De la façon la plus déplorable. Les sociétés, somme les individus, ont à un très haut iegrè l’instinct de la conservation et, devant un péril bien constaté, elles déploient pour se défendre des énergies qui ne s’arrêtent guère dans le choix des moyens. En dépit des apparences, les...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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