Extrait du journal

tre mains jusqu'à l’heure du couvre-feu, ça te distraira. Il y avait en Louise d’Haroué un fond de mollesse douée, qui l’avait portée jadis à cé der à sa mère, quand sa mère avait insisté, l'inclinait à céder toujours à son mari, et donnait sur elle à sa cadette un réel ascen dant ; pourtant, cette fois, elle protesta : — Non, chérie, je ne peux pas, je suis trop inquiète de Gaétan. — Et que veux-tu qu’il lui arrive ? — Rien, je le sais ! mais il est malheureux I — Pauvre garçon, c'est vrai, il est malheu reux, et tu n'es pas là pour le consoler. A l'effarement de la petite sœur, Louise éclata en sanglots, d'ailleurs presque aussitôt réprimés : « Je suis folle, mm mura-t-elle, j’ai mal aux nerfs, ce n’est, rien... » Simone se souvint des instructions données par sa mère. — Veux-tu un peu de sirop d'éther ? de manda-t-elle posément. Louise, (l’un mouvement de tête acquisça, elle s’était étendue dans la vaste bergère à coté de la cheminée, et vêtue de sa robe d’in térieur. couleur géranium, toute molle et sou ple. elle était si charmante que Simone le lui dit. — Tu es trop mignonne, ne pleure pas, tu as tout au monde pour être heureuse. D’ici huit jours, Gaétan sera de retour, un tu iras le rejoindre. Cette idée parut ranimer la jeune femme ; elle se souleva et regardant sa cadette avec une sorte d’avidité : • — Tu crois Y (lit-elle. — C’est certain. A ta place, j'insisterais pour nn petit voyage dans le Midi. Ta belle-mère va s’en sortir pour sûr. mais sa convalescence sera longue. Il serait filial d’aller lui tenir compagnie, tu devrais théine m'emmener. Je...