Extrait du journal

plume. 11 est impossible d’écrire plus aisé ment avec plus de magnificence, de sûreté, de nerf. Ses images sont fortes et sobres, et, dans ses phrases solides et pleines, bien trempées et forgées, vous ne retrancheriez pas un seul mot, vous n’a jouteriez pas une virgule, sans en détruire la vigueur et le bel ordre. En quatre lignes, il peint un paysage, et avec un tel relief, qu’on le voit dans ses détails essentiels et son ensemble. Peu de traits lui suffisent pour un por trait, et si vigoureux qu’il semble s'ani mer et sortir de son cadre. Un besoin de justice le tourmente et une passion de charité le pousse. Il aime les humbles et les faibles ; mais s’il a pour le peuple un amour désin téressé, il ne fait point sa cour au charcutier Agora cri te et ne lui prodi gue pas un grossier encens. Il a raison d'aimer le peuple, car on ne fait rien de grand qu’avec lui et par lui ; mais il b plus raison encore de l’éclairer, de l’instruire, de le consoler, alors que tant d’autres le flagornent. Convaincu qu’un écrivain a charge d’âmes, il ne se croit pas quitte quand il a écrit de belles phrases et présenté de beaux développements sur la cha rité, la pitié, la morale ; il entend y joindre l'action, le corps-à-corps de la iaÜ...