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Le Petit Marseillais, 22 mars 1909

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Le Petit Marseillais
22 mars 1909


Extrait du journal

Je veux bien. C’est inoffensif et cela vaut tout autant que d’aller au café. Voyez celui-ci, qui a l’air d’engloutir sous ses parois la dame qui le porte. C’est le vrai type de la cloche à melon. Examinez cet au tre. Ne dirait-on pas le dôme d’un char de première classe ? Prenez la peine d'admirer cette dame qui vient d’arriver devant la porte de son domicile. — Tiens, elle quitte son chapeau. —- Naturellement, comment voudriez-vous qu’elle fit pour entrer, la porte est trop étroi te ? — Le fait est que je connais plusieurs per sonnes du beau sexe qui sont réduites à faire leurs courses à pied, vu l’impossibilité de pé nétrer avec leur couvre-chef dans un tram way ou dans une voiture. — Eh bien, mon ami, ne croyez pas que ces inconvénients suffiront à faire abandonner la mode d’avoir sur la tête ces immenses cor beilles. Savez-vous qu’un inventeur belge vient de prendre un brevet pour une décou verte peu banale ? — Je l’ignore. — Il vient d’inventer le « chapeau de da mes à réservoir d’eau pour fleurs naturelles. » — Le chapeau-jardin, quoi. — Comme vous le dites, ©n affirme que ce nouveau modèle va faire fureur cet été. Bien entendu cette innovation fera naître aussi une profession nouvelle : celle d’horticulteur pour chapeaux. Il est évident que dans les grandes maisons, où un personnel domestique nom breux est de rigueur, il sera de bon ton que la maîtresse de céans ait un jardinier attaché à sa personne. — Ma foi, la profession ne sera ni désagréa ble, ni fatigante. — Vous avez raison. Mais contemplez cette dame qui vient de notre côté.Est-elle assez ri dicule et grotesque ! Qu’est-ce qu’elle a sur la tète ? Est-ce une nacelle, une forêt, ou une cuve ? Vraiment elle dépasse les bornes, cette bonne dame... Quelle horreur ! — Je vais vous présenter... c’est ma femme. Jacques Martial....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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