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Le Petit Marseillais, 23 février 1910

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Le Petit Marseillais
23 février 1910


Extrait du journal

La Chambre siège le matin, elle siège lu soir, tu pourtant elle ne fait rien. Tout Luti radical qui se respecte et tout socia liste désireux d’étonner l’univers par son activité penseraient déchoir s'ils n’imitaient pas la judicieuse activité de la mouche du coche. Ce sont moutftes affairées, agitées, tumultueuses, con vaincues qu’elles font aller la machine. Comme les uns et les autres déploient une diligence bourdonnante, on les pren drait. souvent, moins pour des mouches que pour des hannetons. Le désir de con server une bonne place et les quinze mille francs quelle leur vaut chaque année, stimulent leur zèle ; on les voit aller, venir, pérorer, interpeller, saisir au vol les idées ambiantes pour les trans former en motions, en amendements,afin de retenir la faveur populaire par d’habi les réclames électorales. Il faut rendre cette justice à chacun de ces législateurs agités, qu’il est le type accompli du député en l’un de grâce 1010. Déjà, dans lus dernières assemblées, on constatait une lâcheuse décadence. Les actuels produits de la candidature offi cielle se recommandent de plus en plus par celle délicieuse moyenne d'idées et d’intelligence qui défend un politicien contre la jalousie de ses contemporains, par cette incompétence universelle qui s’attaque sans ombre d’hésitation aux plus divers,aux plus épineux problèmes. Nos radicaux et nos socialistes sont des spécialistes qu’aucune question ne prend au dépourvu, que nulle difficulté n’inti mide. Les moins présomptueux diraient volontiers, ctîhnme M. Guizot : « Je ne connais guère l’embarras. » l’.n ce moment, ils se préoccupent sur tout d’embrouiller le contentieux des chiffres. Les questions budgétaires sont pleines de secrets pour eux, quand il les étudient ; elles deviennent absolument obscures pour tout le monde, quand ils prétendent les élucider. Un aurait pu croire que, à la veille de comparaître devant le suffrage universel, nos députés su seraient fait un point d honneur, sinon d’éviter les douzièmes provisoires, ne soyons pas trop exi geants, — du moins du voter la loi de finances avant de nous dire un adieu que tous lus bons citoyens souhaitent éter nel. C’était mal les connaître. Au début, ils montrèrent lin zèle relatif, qui n’allait point cependant jusqu’à les rendre assi dus aux séances. La discussion marchait avec la prudente vitesse d’un train omni bus ; elle a, maintenant, l’allure d’un an tique coucou. Les amendements alter nent avec d’interminables interpellations et fournissent le prétexte de non moins interminables discours. Tous les bavards du Balais-Bourbon, — ils sont excessive ment nombreux, — ouvrent largement le robinet de leur éloquence intarissable. Ceux-ci prodiguent des vœux, et la Chambre semble alors se métamorpho ser en conseil général.Ceux-là proposent une diminution de cent sous, à moins que ce ne soit une augmentation de trois francs cinquante, à titre d’indication. Si encore, avec ces lenteurs, nous avions un budget sincère, bien étudié, réalisant des économies et un équilibre solide ! Mais, non ; les hannetons du radicalisme et les mouches du socialisme cesseraient d’être ce qu’ils sont s’ils me naient à bien une aussi heureuse entre prise. Peut-être y réussirait-on, sans eux et malgré eux, avec un moins grand nombre de séances et une meilleure méthode de travail ; mais allez donc faire œuvre bonne et utile dans la com pagnie de ces gaillards qui prennent l’agitation stérile pour de l’activité labo rieuse et qui ont toujours l’air, quand ils légifèrent, de se démener dans un tam bour ! La loi de finances n’est pas, d’ailleurs, la seule qu’ils sabotent. Toutes leurs réformes portent la même marque de...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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