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Le Petit Marseillais, 23 février 1921

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Le Petit Marseillais
23 février 1921


Extrait du journal

Sous ce litre, notre excellent confrère M. Louis Latapie résume ce que nous pouvons appeler les arguments de bon sens sur une question vitale pour notre pays : La question posée l’autre jour par une délé gation de commerçants et d’industriels en visite chez le ministre du commerce' reste sans réponse : Oui ou non, est-ce un délit de gagner de l’argent en France ? Faudra-t-il nécessairement faire faillite pour garder quel que considération dans son quartier ? Le fait est que ceux qu’on appelle les nouveaux riches y sont les moins bien vus. Autrefois, les gens qui faisaient, comme on dit, honneur à leurs affaires étaient entourés d’estime. On leur confiait volontiers des fonc tions électives et ils recevaient des récompen ses. Aujourd'hui, un commerçant dont la mai son est prospère ne sait plus si cela lui vaudra de comparaître devant le tribunal correction nel ou d’être nommé juge au tribunal de com merce. On a lancé le mot de « spéculation illicite ». C’est fort bien ou fort mal ! Mais au moins 11 serait bon qu’on sache ce que cela veut dire. Il y a des exploiteurs sans scrupules dans le commerce et dans l’industrie, des fripons, pour les appeler par leur nom. Ceux-là sont particulièrement habiles à échapper au con trôle et à la répression. Mais il y a, en bien plus grand nombre, de braves gens qui aime raient mieux renoncer à tous profits qu’à se voir traités ou seulement suspectés tomme des coquins. On ne traque pas assez les pre miers; on ne protège pas assez les seconds. Des magistrats ont été chargés spécialement de la répression. Ils distribuent les peines et les amendes comme de l’eau bénite. Ça tombe ou ça peut. Ils n’ont pas de statut, pas de règle, pas de texte. Ces juges, choisis le plus souvent pour leur tempérament de « coupe toujours » sont asez mal rétribués pour leur peine; ils éprouvent une sorte de colère cons tante contre les citoyens, plus bêtes qu’eux, pensent-ils, et qui gaernent bien davantage. Où veut-on en venir ? D’un côté l’on crie ; Produisez, produisez, exportez, vendez, pros pérez. il le faut pour rétablir la prospérité même de la France et pour remplir sa caisse vide. Les Chambres votent des impôts tou jours croissants. Et le nombre des fonction naires et des pensionnaires augmente sans cesse. Oui paiera tout cela ? Les travailleurs, les industriels, les commerçants 1 Entendu ! Mais alors laissez-les travailler, laissez-les commercer, laissez-leur gagner l’argent que vous avez l’intention de leur reprendre. Dénoncer ces travailleurs sans discernement comme de mauvais citoyens, puis compter sur eux pour restaurer la fortune de la France, c’est vraiment tron absurde. L'envie est le fléau des démocraties. La haine du riche est la plus grande sottise économique. Si vous voulez voir renaître l'industrie fran çaise de l’automobile, par exemple, tolérez qu’il y ait des gens qui possèdent des autos. Ne comptez pas rétablir le budget de la République sur la ruine de ses sujets. Louis Latapie....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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