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Le Petit Marseillais, 23 juin 1881

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Le Petit Marseillais
23 juin 1881


Extrait du journal

LA JONCTION DES DEUX CONVOIS C’est dans cette dernière rue que s'opère la jonction des deux convois funèbres. A ce moment l’émotion de la foule.qui se presse sur le parcours des deux convois funèbres depuis leur point de départ, devient de plus en plus vive. Toules les têtes se découvrent avec respect, sur tous les visa ges est peinte la consternation. On dirait que le ciel lui-même prend part au deuil général ; le soleil a demi-voilé par un épais brouillard, ne darde que des rayons pâles et ternes. Sur la plaine Saint-Michel, la foule devient de plus en plus compacte et la douleur publique manifestée par l’attitude morne et profondément recueillie de la population, fait explosion sur plusieurs points. De çb, de là, au soin de cette masse émue, éclatent des sanglots.les femmes pleurent ct jettent sur les deux cercueils qui passent des regards désolés. En un mot, on sent que la ville de Marseille tout entière s’associe à la douleur des familles Carvin et Botey, si cruellement frappées dans leurs plus chères affections. Au milieu de cette douleur manifeste, les cor tèges funèbres poursuivent leur marche lugubro et descendent la rue Ferrari et le chemin de Saintpierre. Il est. environ 9 heures quand ils entrent dans le cimetière. AU CIMETIÈRE Les deux convois so dirigent vers la salle de dé pôt située près l'ancienne entrée. MM. Ramondenc, commissaire spécial de la sûreté, et Deschamps, commissaire de police du 19® arrondissement, chargés des mesures, d’ordre voyant le calme im posant de la foule n'interdisent pas l’entrée du ci metière au public. Aussi en quelques minutes les abords de la salle de dépôt sont envahis et sur le tertre qui le domine en face se tiennent de nom breux spectateurs dc cette scène émouvante. Les deux cercueils sont déposés devant la salle des dépôts et M. le maire de Marseille prononce une allocution dont voici les passages les plus saillants : Citoyens, La douleur doit être muette, mais il est des moments, alors qu'elle est générale, où il convient qu'elle ait un véritable retentissemeni. Un malheur publie a frappé notre cité ; — il était im possible dc le prévoir ; — rien ne saurait le réparer. Et plus loin : Nous ne pouvons nous prononcer selon notre senti ment, jusqu'à ce que toute la vérité soit connue. Qu’il nous soit cependant permis de dire que, chaque fois que la passion individuelle, d'où qu'elle vienne, se substitue à la loi, il n'y a plus que confusion, désordre, malheurs déplorables. Ceux que nous pleurons sont, tombés, sans défense, victimes d’une surexcitation criminelle. Au nom de la solidarité humaine, au nom de la civili sation. au nom de la justice, nous dirons à leurs familles...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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