Extrait du journal

Cyrille qui, de sa simplicité grave du début, avait passé à l’enjouement,à la mutinerie d’une enfant gâtée, eut tout à coup une expression sévère. Ses jolis sourcils se contractèrent; elle avança la bouche dans une moue dédaigneuse. — oui, dit-elle, M. d’Alvertes tient à ce ma riage; il y tient trop. Oh! le vilain homme! — Lui? m’écriai-je surpris. — j’ai tort sans doute ; mais c’est plus fort que moi. Je lui en veux de me faire assez peu l'honneur pour croire que j’épouserais Léon -oar vanité, par désir d'être comtesse d’Alveries ' Il trouve tout simple que ma fortune ré pare les brèches faites â celle de son fils ; et il ne s’est jamais inquiété de savoir si cette petite Cyrille avait un cœur, une conscience; si elle était capable de trouver que son fils est un sot. j’écoutais avec un mélange de tristesse réelle et d’espoir. Cyrille parlait avec vivacité, j’avais peur qu’elle ne parlât de mon père avec méfris ; et je m’alarmais, dans ma conscience, de idée qu’elle méprisât l’homme qu’aucune bien séance extérieure ne me forçait d’estimer. Etrange autorité de l’instinct filial! 11 voulait sa part dans cette profonde effusion de jeu nesse et d’amour; et la joie la plus complète, la plus légitimement égoïste en apparence, pre nait de l’amertume à ce secret que je ne pou vais arracher de mon cœur. Je devais donc le trouver partout, pour en être meurtri, ce père qu’il m’était impossible de renier devant moi-même; et plus il me fai sait souffrir, moins je pouvais partager avec ceux qui m’aimaient, cette crise intérieure que Je mettais un singulier point d’honneur à porer bravement. 46 dis à Cyrille ?...