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Le Petit Marseillais, 24 août 1894

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Le Petit Marseillais
24 août 1894


Extrait du journal

Le trois pour cent a dépassé le cours Je 103 francs. A plus juste titre que ie rayonnant soleil par lequel le roi Louis‘ XIV aimait à être symbolisé, notre fonds d’Etat peut prendre pour devise: Quo non ascendant ? Il monte, cet intrépide trois pour cent, comme un ballon sans lest, marquant dans les nues l’étiage du crédit de la France et faisant, sans s’en douter, les affaires des théoriciens adversaires ou ennemis de l’argent. La dépréciation constante et grandissante du loyer du capital, en effet, dépréciation qui s’accomplit par la force des choses, par l’admirable puissance de la loi de l’offre et de la demande, devrait, il nous semble, désarmer les socialistes honnêtes et sincères, et calmer la manie légiférante des Lycurgues qui s'imaginent pouvoir régler, par décret, la répartition des richesses. A quoi bon abattre ce gui doit s’écrouler tout seul ? Si, au lieu d’exaspérer les travailleurs par de furibondes prédications, on s’appliquait à leur montrer combien est prochain l’avenir où l’oisif ne pourra plus vivre du revenu de son bien, et quelle part toujours plus grande leur sera faite dans les bénéfices issus de la collabo ration de la main-d’œuvre et du capital, les ouvriers ne se laisseraient pas entraîner à désespérer de leurs des tinées et à chercher dans les sugges tions de la haine et de l’envie un moyen de satisfaire leurs légitimes es pérances. Il est peu probable que les exécrables politiciens qui se plaisent à édifier la fortune privée sur les ruines publiques emploient leurs loisirs à]cet apostolat d’ordre économique et pacificateur. Si le salariat acquérait la certitude, par des arguments expérimentalement vérifiés, que les iniquités sociales nées d’une certaine injustice dans le partage des produits, entre le travail et le capi tal, doivent fatalement s’atténuer sous la lente mais irrésistible pression des faits, il se détournerait avec horreur des gens qui le poussent aux pires extrémités et l’entraînent à confondre sa cause, sa juste cause, avec celle des entrepreneurs de révolution. Dans un effort patient, mais continu et calme, il poursuivrait l’amélioration de son sort et, en constatant que la puissance effective et productive du capital dimi nue à mesure que grandit le pouvoir du travail, il ne douterait plus de la réalisation de ces aspirations vers un état social se rapprochant de l’idéal de justice cher à tous les cœurs bien placés. il n’en reste pas moins que cette ascension persistante de notre principal fonds d’Etat est grosse d’avertissements à l’adresse de la bourgeoisie, dans laquelle je continue, malgré les anathè mes des fous et des farceurs, à voir l’initiatrice du progrès possible et la clef de voûte de la société française. A...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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