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Le Petit Marseillais, 24 décembre 1907

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Le Petit Marseillais
24 décembre 1907


Extrait du journal

— Dis-moi, maman, tous ces jolis santons si gentiment installés à la foire doivent coûter cher ? — Il y en a dans tous les prix, mon enfant, depuis deux sous. — Comme c’est triste d’être pauvre, ma man. Si tu savais comme je serais heureux de faire, moi aussi, ma petite crèche., — Mon chéri, nous sommes si gênés en ce moment. — Je sais bien, maman, aussi je n’insiste pas. Tu travailles tellement pour gagner si peu d'argent qu'il ne faut pas gaspiller ses sous... Tout de même comme ils sont beaux, le rémouleur, le berger, la poissonnière et les rois ! Ils sont plus chers que les autres, ma man, les rois ? — Mais non, mon petit. — Je croyais... Il y en a un qui est couvert d’un manteau tout en or. Et le rei rnourou ! Il y avait déjà des nègres à cette époque, ma man ? — Parbleu., — Ce qu’il a dû avoir peur, le petit Jésus en le voyant arriver ! — Mais non, il était prévenu.-.. — Dis. maman, est-ce que l’année pro chaine nous serons riches ? — Pauvre chéri ! Hélas ! je ne voudrais pas t'enlever tes illusions, mais ce n’est pas mes maigres journées qui nous enrichiront. Toi, peut-être, quand tu seras grand et fort, tu pourras gagner de l'argent et nourrir ta mère qui sera vieille et impotente... — Oh oui, va, je te soignerai bien. Et je ferai une grande crèche avec beaucoup, beau coup de santons. Mais, dis, maman, puisque nous sommes si pauvres que nous ne pouvons pas acheter des joujoux et des friandises, si je faisais comme un camarade de l'école ? — Qu’est-ce qu'il fait, ton camarade ? —- Il met ses souliers, la nuit de Noël, dans la cheminée et, le matin, il les trouve garnis de bonbons. Il parait que le bonhomme Noël passe sur les toits avec une grande hotte et fait la distribution à tous les petits enfants... Du moment que ça ne coûte rien... Pourquoi tu ne réponds pas, maman ? Tu yeux, dis ?... PbtrfWrvdT Ffêtirés-fh ? Jèt'ai fait de là peine f — Non. moh trésor. — Alors, réponds-moi. — C'est que*mon petit, tu ne peux pas met tre tes souliers dans la cheminée... Parce que... Parce que, tu comprends, ils sont tvoués, les bonbons passeraient à travers... JACQUES MARTIAL....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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