Extrait du journal

La seule possibilité de cette pensée ne rendait-elle pas inacceptable cette assis tance donnée pour la mort ? Le professeur Enrico Ferri, le sociolo gue italien, affirma un jour que l'homme avait le droit de disposer de sa vie, et qu’il n’y avait aucun crime, s’il était décidé à sortir de ce monde, à lui en faciliter les moyens. Sa déclaration fit quelque bruit. Il vit, un matin, arriver dans son cabi net un individu qui lui demanda un mo ment d entretien. Il lui exposa les raisons assez probantes, en effet, qui l’obligeaient, apres une faute qui n’était pas encore divulguée, à disparaître. Cependant, il I avouait, il avait peur, et bien que con vaincu de la nécessité du suicide, il n’o sait pas se tuer. Il avait plusieurs fois reculé au dernier moment.Il venait deman der au savant, dont il avait lu l’impres sionnante opinion.de lui fournir un poison rapide, facile à absorber. Enrico Ferri, théoricien, était appelé là a réaliser en pratique ce qu’il avait écrit. Cependant, il fit tout comme s’il n’eût pas en quelque sorte, codifié le droit à la mort.’ II raisonna comme il put le malheureux, il se déroba à une responsabilité qui, à ce moment, lui apparaissait, tout comme à un autre, un peu trop terrible, et, en ayant frôlé le danger, il ne reprit pas cette thèse. Malgré tous les sophismes, il ne peut y avoir qu’une règle suprême, et, par là, fixe et absolue : « Tu ne tueras point ! » PAUL GINISTY....