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Le Petit Marseillais, 24 novembre 1922

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Le Petit Marseillais
24 novembre 1922


Extrait du journal

Voilà la Conférence de Lausanne en plein travail. Son aspect essentiel se dégage d ores et déjà : elle est mondiale. Il n’y a plus seulement, pour rédiger la paLx à faire accepter par la Turquie, autour d’une table à tapis vert, les gran des puissances qui conduisirent la guerre contre elle jusqu’au bout : Angleterre, France, Italie. Il y a aussi les Etats alliés « à intérêts limités ». Il y a même des neutres, qu’on n’avait pas conviés, qui n’ont couru aucun risque, que celui de tirer les marrons du feu où nous avions mis les pattes, et qu’on entend s’annoncer, comme les Pays-Bas, sous prétexte que, eux aussi, ont des intérêts en Orient. Espérons qu’avec tous les égards qui leur sont diplomatiquement dus, l’An gleterre et la France, assistées de l’Italie, mettront tout ce monde à sa vraie place, qui n’est pas à la table des délibéra tions. Car le débat est entre Londres et Paris, et tout le reste n’est qu’accessoire. La tâche de la diplomatie française, si elle est épineuse, est aussi bien sim ple : s’entendre avec l’Angleterre, tout est là. Mais, pour s’entendre avec l’Angle terre, il faut savoir lui parler. Or, il n’est pas douteux que, depuis longtemps, nous ne savons plus parler à l’Angle terre, et qu’il y a une dizaine de jours, cette ignorance a failli nous mener à une rupture. Nous avions beau être d’accord avec elle sur les grandes lignes de la paix orientale à établir, nous avons hésité plusieurs jours à dire le mot qu’il fallait, c’est-à-dire que nous serions à ses côtés pour opposer la force à la force si l'attitude des nationalistes turcs le com mandait. Notre diplomatie a abusé de la procé dure diplomatique. Elle s’est noyée dans la discussion des textes, des dates, des formules. Certes, nous n’avions pas lieu d’être complètement satisfaits de l’attitude et de l’activité britanniques. Je dis : bri tanniques, parce que, dans cette affaire, il ne faut pas séparer M. Lloyd George de son pays. 11 n’est pas douteux, en effet, que, depuis 1919, la politique anglaise, d’accord en cela avec l’opinion anglaise, approuvée, poussée par cette opinion, s’est efforcée de s’approprier la maîtrise de toutes les grandes voies maritimes et la suprématie en Orient. Et qu’on ne s’y trompe pas : si le parti coalitionniste a été culbuté du pouvoir, ce n’est pas parce qu’il a essayé de réa liser cet égoïste programme, mais tout simplement parce qu’il n’y a pas réussi. 11 est seulement permis de se deman der si nous avons parlé à l’Angleterre comme il fallait lui parler, pour qu’elle abandonnât ce dessein. II aurait fallu être net, plus concret, plus rapide. Notre diplomatie a été le...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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