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Le Petit Marseillais, 27 juin 1936

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Le Petit Marseillais
27 juin 1936


Extrait du journal

Nos lecteurs nous harcèlent de lettres. De Marseille, de la région provençale, d’autres départements, de provinces lointaines, ils souhaitent, demandent, réclament, exigent la conclusion logique de la grande journée de dimanche. « On nous a donné l’appétit de l’action, disent-ils. Mais que taire ?... ». Ils ont raison.Leur impatience est légitime.i Elle est réconfortante. Elle montre que les Français ont gardé intactes leurs vertus. Le mal le plus grave pour un pays, ce n’est pas de voir que pour lui s’apprêtent les fers de l’esclavage, ce n’est même pas d'être dans ces fers, c’est d’avoir perdu la passion de la liberté 1 La France l’a gardée., , * * Il faut donc traduire en acte cette protestation, ce cri contre la tyrannie naissante du communisme soviétique.. Les Français se cherchent.. ,2 Où se retrouveront-ils ? Ici se pose le problème de la forme même du rassemblement qui doit naître. Il est ardu.Pour le résoudre, il faut conserver le cœur chaud, mais la tête froide. Inutile de se payer de mots. La première solution qui vient à l'esprit est celle d’un grand parti, dans lequel se fondraient tous les partis existants et auquel vien draient se rallier les isolés. Ce serait, évidemment, la plus simple et la plus efficace., Mais est-elle possible ? Dans d’autres pays, peut-être. Mais dans notre nation, où l'esprit grégaire n’a jamais soufflé, dans cette France d'individualistes farou ches, où l’on adore les groupes, les coteries, où les citoyens, encadrés dans un parti, comptent si peu au regard de tous les autres, dont chacun forme un parti à lui tout seul, est-il possible de rompre d’un seul coup, brutalement, avec toute cette désorganisation organisée ?... En vérité, nous ne le croyons pas. Le Français peut se dépasser lui-même, mais cela ne dure pas longtemps. Il retourne vite à ses habitudes, on pourrait dire à ses défauts. Or, il y a des partis. Nous savons bien qu'on va répétant:' « Les vieux partis sont morts ». Est-ce un désir qu’on exprime ainsi ou bien est-ce une réalité ?... Et s’il est vrai qu’ils soient morts, le croient-ils eux-mêmes ? Puis, il y a des partis nouveaux, jeunes, ardents, pleins de sève... Se suicide-t-on volontiers en pleine jeunesse ? Laissons vivre les partis. Ils représentent des troupes avec leurs états-majors et leurs cadres. Pas de parti unique ! Il y naîtrait aussitôt une droite, une gauche et des scissions s’ébau cheraient, qui nous ramèneraient à ce que nous voulions détruire.. * h ». Quoi alors ?.. Un « mouvement » T Un mouvement très souple et très large, assis sur des bases qui lui permettront de réunir le plus grand nombre de Français. Mais qui commandera la marche de ce « mouvement », qui lui imprimera sa direction ? Quelques hommes de volonté et de cœur, intelligents, désintéres sés, dès représentants des partis, des isolés, quelques hommes de conditions diverses, ayant des contacts avec toutes les activités et toutes les classes sociales, parmi lesquels des jeunes ayant des vues claires et généreuses, capables de se dégager de l’emprise d’une routine meurtrière. Des chefs ?.. Ils se révéleront à l’œuvre. Ils seront à la fols les plus sages et les plus audacieux et à ce moment-là, l’accord sur eux se fera tout seul. Donc, un comité qui, tout en laissant son autonomie respective à chaque parti, coordonnera les efforts et leur imprimera une direction. C’est ce qu’on est en train de réaliser à Marseille. C’est ce qu’il faut réaliser au plus tôt dans chaque ville, dans cha que village de notre département, de notre région et de toute la France. Des comités de salut public ? Si l’on veut. Le succès est certain. A une seule condition : l’oubli des rivalités, des querelles et des inimitiés. ’• *’ Les bases de ce mouvement. Deux grandes idées, simples, accessibles à tous: FRANCE et LIBERTE. D’abord, la France, c’est-à-dire lutte implacable contre l'ennemi intérieur au service de l’étranger. Puis, la liberté. La liberté, cela signifie la défense de toutes les libertés, conquises par nos aïeux et inscrites dans les lois républicaines. Elles sont le sel de notre vie. Ainsi, sous ce double vocable, pourraient être préparés à se grou per autour du drapeau national, celui de Valmy, d'Austerlitz et de Verdun, tous ceux qui ne veulent pas de l’établissement d'une société de termites ou d'esclaves. Parallèlement à l’action de défense de la France et de la liberté, se dresserait le plan politique, économique et hardiment social sur lequel il conviendrait de bâtir l'ordre nouveau, auquel le peuple de France aspire., •* *i Mais le rassemblement total ?... Ainsi préparé, il se fera tout seul. Les événements le feront. Vous êtes-vous quelquefois amusé à regarder sur une carte le bassin d’un fleuve ? Des rivières coulent, rapides, séparées par de hautes montagnes. Arrivées dans la plaine, elles s’attardent et flâ nent en boucles nonchalantes. Il semble bien qu’elles ne se rejoindront jamais. ’ Mais elles vont où la pente les entraine et, l’une après l'autre, elles entrent dans la même vallée et, toutes unies, elles font un fleuve puissant. Ainsi se formera, impétueux et bienfaisant, le fleuve qui, un jour,...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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