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Le Petit Marseillais, 27 septembre 1910

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Le Petit Marseillais
27 septembre 1910


Extrait du journal

si apte à refléter, comme un miroir fragile, les éclairs de beauté qui traversent l’univers. Comme lui, elle était attentive au dessin des choses, à la couleur changeante du sol, des eaux, de la verdure, du ciel ; elle laissait errer ses yeux vers les perspectives fuyantes, vers les lignes des crêtes, vers les cimes incendiées où la lumière et la chaleur vibrent et palpi tent. Il goûtait, avec une plénitude parfaite, cette joie vraiment pure que nous donne la rencontre soudaine d’une harmonie jus qu’alors insoupçonnéé. / Tout s’accordait pour enchanter sa vue, pour charmer sa pensée, pour enivrer son cœur. La nature et l’humanité lui offraient ce qu’elles avaient de plus rare. Ce décor merveilleux, cette femme dont il aimait la présence, étaient dignes l’un de l’au tre. Et la voix qui chantait sous ce ciel im maculé, parmi la jeunesse des feuillages et des sources, ne parlait que d’amour et de beauté. Ce fut, pour cet homme si longtemps mal heureux, un de ces repos que la vie réserve parfois même à ceux qu’elle blesse. Joies pres que trop fortes, inquiétantes par leur intensité; exai'ation des sens et vertige de l’âme, félicité si impérieuse, que ceux qui les ont éprouvées ne peuvent les décrire. Il y a des allégresses dont la saveur est trop pénétrante, dont l’essence est trop subtile, que la parole est impuissante à exprimer et qui ressemblent à ces mélodies trop aiguës que ne peut atteindre l’effort de la voix humaine. Ils gi ôtèrent la volupté d’entrer dans la grande fraîcheur des futaies, de fouler l'herbe frissonnante, encore étincelante d,e la rosée matinale. Ils aimaient ces chemins alpestres, longuement déroulés sous bois. La forêt accueillante et maternelle offrait le mystère de ses ombres à la craintive confi dence de leurs amours. Ils marchèrent encore quelque temps sans rien dire ; un scrupule presque religieux arrêtait sur leurs lèvres...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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