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Le Petit Marseillais, 28 mars 1922

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Le Petit Marseillais
28 mars 1922


Extrait du journal

L«s trois élections municipales qui ont eu lieu dimanche à Paris donnent à penser que, comme il arrive pour beau coup de gens, le suffrage universel peut (Hre majeur sans avoir l'âge de raison. Dans l’ensemble des trois scrutins, le nombre des abstentionnistes a été le tiers des électeurs inscrits. Il semble que cette proportion, que l’on constate dans la plupart des consultations électorales, soit la maladie incurable des urnes. Toutes les objurgations n’y feront rien. Pour les deux autres tiers,on sait qu’ijis ont donné et la réélection des deux révoltés communistes Marty et Badina et un résultat mixte dans le troisième, arrondissement, où les communistes présentaient une institutrice révoquée, Marthe Bigot. Malgré l’annulation cer taine de leurs bulletins, 352 électeurs ont voté pour celle-ci. Ces manifestations ne donnent pas une haute idée du bon sens électoral et ne présagent rien de brillant pour l’avenir. Sans doute, on doit faire la part des circonstances et observer que deux des arrondissements où l’on votait sont des citadelles révolutionnaires. Mais le symptôme inquiétant est le concours démagogique que les radicaux-socia listes. par la plume et par la parole, ont apporté aux communistes. Il n’est pas de platitudes que les premiers n’aient consenti aux seconds, dans l’espoir que ceux-ci leur revaudront ce sacrifice. Pour abdiquer devant led extrémistes it faire voter en leur faveur les radicaux- \ socialistes, théologiens, républicains et sasuistes subtils, prétendaient que le seul fait que l’élection de Badina et Marty se faisait sur le terrain de l’ambislie leur paraissait suffisant. Le soir Ttêmo, les manifestants communistes qui hurlaient à la mort des bourgeois, jouaient du couteau et du revolver pour célébrer le triomphe de leurs candidats, donnaient à la complicité des radicauxsocialistes sa véritable signification. Ainsi qu’il arrive souvent lorsqu’on aperçoit les conséquences d’une erreur, beaucoup de radicaux commencent à se montrer inquiets de la voie où les chefs de leur parti les engagent. Il leur répu gne que l’on se serve d’eux pour une cuisine politique qui sent un peu trop la gargotte. Nombre d’entre eux estiment que l’on est encore trop près de la guerre pour tendre la main aux déserteurs et que c’est une drôle de formule, celle qui consiste à s’unir ouvertement ou en « formule politique » avec les démolis seurs de la société lorsqu’on inscrit au premier titre de son programme la reconstruction sociale. Fort heureuse ment, ce rie sont pas les élections pari siennes et, en particulier, celles de dimanche, qui sont une indication cer taine de l’opinion publique ; mais, en tout cas, elles marquent dans les esprits et surtout dans les partis un état anar chique dangereux. Le chaos dans les idées et une évidente lâcheté dans les principes sont des caractéristiques du moment présent. Et il est péniblement comique que l’on nous parle sans cesse de reconstitution européenne,quand nous ne savons pas nous reconstituer d’abord nous-mêmes. EMILE THOMAS....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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